Des centaines de manifestants se sont rassemblés, lundi, vers 13h30, à l'avenue Habib Bourguiba, au centre-ville de Tunis, en soutien à la Syrie, suite aux bombardements israéliens ayant eu lieu la nuit du samedi à dimanche.
Parmi les manifestants, il y avait des Syriens, mais aussi, et surtout, des Tunisiens, tous venus crier une douleur commune qui les unit : la trahison des rebelles syriens désormais soutenus par Israël.
Abbas, d'origine syrienne, vit en Tunisie depuis une année. Il a fui la Syrie avec sa famille pour préserver leurs vies, car il s'était joint à la révolte populaire contre le régime baâthiste de Bachar Al-Assad en mars 2011. «La révolution syrienne nous a été volée par des rebelles à la solde des Israéliens. Ils sont payés pour tuer leurs frères et se réjouissent d'un bombardement effectué par des ennemis. Ce sont des traitres, et à choisir, Bachar fait l'affaire», explique-t-il à Kapitalis. Puis il se met à crier au mégaphone: «Syrie, tu es libre, nous ne voulons pas de jihad. Si vous souhaitez être martyrs, allez combattre auprès de vos frères en Palestine ! Ne soyez pas à la solde d'Israël!». Les manifestants reprenaient ces slogans en chœur.
Le drapeau israélien brûlé par des manifestants.
«Tunisiens, vous aussi, vous êtes concernés. Je vous rappelle que l'Etat envoie vos enfants se battre en Syrie et vos soldats sont en train de mourir sur la frontière tuniso-algérienne. Si ça continue, votre peuple serait bientôt divisé, comme le nôtre», avertit Abbas.
Les Tunisiens, qui participent à la manifestation, soutiennent également la Syrie et déplorent la réaction tardive de l'Etat tunisien au bombardement israélien. Le drapeau d'Israël est aussitôt brûlé avec un mélange de rage et de ferveur.
Une Tunisienne, brandit le portrait de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, le mouvement chiite libanais, qui a avoué, il y a une semaine, que ses troupes participent aux côtés de l'armée régulière syrienne, et explique clairement son soutien à Bachar Al Assad: «Le Hezbollah n'est pas un traitre; les rebelles le sont; ils soutiennent Israël, ennemi du monde arabo-musulman. Vive Bachar!», crie-t-elle, la voix étranglée par l'émotion.
Le portrait du leader chiite libanais Hassen Nasrallah brandi au coeur de la capitale tunisienne.
Parmi les manifestants, se trouvent, surtout, des militants du Front populaire, qui regroupe des partis de la gauche radicale et/ou nationaliste arabe.
Yüsra N. M'hiri