Abdelfattah Mourou, figure avenante d'Ennahdha, est un grand démagogue devant l'Eternel. C'est lui qui assure le service après-vente du parti islamiste au pouvoir. Mais l'exercice a ses limites...
Par Moncef Dhambri
Le dialogue national, au bout de sa 11e séance de travail, achoppait, mardi soir, sur le dossier de la dissolution des Ligues de la protection de la révolution (LPR). Une opposition qui n'en démord pas et qui exige la dissolution de ces milices dont la filiation nahdhaouie a été à plusieurs reprises démontrée. Une Ennahdha et son associé CpRiste qui usent de tous les faux-fuyants pour maintenir en vie ce bras armé de l'islamo-démocratie. Mardi soir, Abdelfettah Mourou, vice-président du mouvement islamiste, a été appelé à la rescousse pour expliquer qu'il y a encore lieu de dialoguer avec les LPR.
Me Mourou, au 20 heures de la Wataniya-1 d'hier soir, s'est étalé en long et en large pour nous expliquer qu'une association légale est soumise à la loi et qu'elle est tenue de respecter strictement le cahier des charges qui lui a permis d'obtenir un visa autorisant son activité.
Ces prêches ramadanesques
«Nous (Ennahdha) n'avons pas d'opinion particulière sur cette question (des LPR). Notre opinion est celle de la loi: enfreindre la loi implique la poursuite en justice du contrevenant et sa punition également, si sa culpabilité est démontrée», a expliqué le lieutenant de Rached Ghannouchi, ajoutant que «notre pays, en cette phase de transition et construction, a absolument besoin de faire respecter la loi».
Puis, en des mots doux qui rappellent ses prêches ramadanesques sur Hannibal TV, Abdelfettah Mourou a glissé la solution de Montplaisir au problème LPR: «Cela doit se faire par le moyen de la souplesse et du dialogue. Car, en dernière analyse, ce que nous voulons établir et construire dans notre pays ne doit pas se faire uniquement par la loi et l'usage de la force, mais également par le dialogue. Et les personnes qui ont été lésées par ces Ligues ont pu porter plainte et le secrétariat général de la présidence du gouvernement a pris les mesures nécessaires pour déterminer si, oui ou non, il y a eu violation de la loi».
Et pour ficeler sa défense des LPR qui ne veut pas dire son nom, le Nahdhaoui light qu'est Abdelfettah Mourou a gratifié le téléspectateur de la Wataniya-1 de cette platitude: «Nous sommes en faveur du droit de créer des associations et du respect de la loi ; et nous nous opposons à la violence sous toutes ses formes, verbales et matérielles (physiques)».
Le chapeau du magicien de Montplaisir
Sur la demande de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt) de mettre à exécution la dissolution immédiate de ces LPR, le Nahdhoui soft a botté en touche, expliquant que cette requête du syndicat n'a pas été satisfaite parce qu'il y a eu «rupture du secret de l'enquête sur cette question, avant l'annonce officielle des résultats. Et c'est ce qui a quelque peu empoisonné l'atmosphère (...) Malgré cela, l'Union des travailleurs devrait faire montre de plus d'indulgence et faciliter le deuxième round de son initiative de dialogue», qui débute jeudi.
Me Mourou, vous êtes sympathique, on vous aime bien et, quelque part, il se peut que vous soyez un véritable démocrate. Cependant, gardez-vous bien de la manipulation du magicien Ghannouchi qui, à chaque fois qu'il a besoin de vous, il vous sort de son chapeau.