Le chef du gouvernement et le chef d'état major partent aujourd'hui au Qatar. Le ministre des Affaires religieuses se cache courageusement. La patate chaude des Ansar Al-Chariâ est laissée au ministre de l'Intérieur.
La veille du rassemblement à grand risque des Ansar Al-Chariâ, dimanche 19 mai à Kairouan (centre), le chef du gouvernement Ali Lârayedh prend l'avion pour le Qatar pour assister au 13e Forum international de Doha (19-20 mai). Il préside une délégation composée de 7 personnalités dont le ministre des Finances Elyes Fakhfah, Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, et Rachid Ammar, chef d'état major des 3 armées.
Alors que le mouvement salafiste jihadiste multiplie les provocations, démonstrations de force et menaces à l'encontre des forces de sécurité, vouées aux gémonies, le ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khadmi, dont les affinités avec les extrémistes religieux ne sont plus un mystère, se terre pour se faire oublier et laisser passer la tempête. Or sa parole, en de pareilles circonstances, aurait été la bienvenue, ne fut-ce que pour la forme, pour se désolidariser des troupes fanatisées d'Abou Iyadh.
Le général Rachid Ammar, Ali Lârayedh et Elyes Fakhfakh (au second plan) dans l'avion qui les amène à Doha.
Tout ce beau monde, donc, préfère abandonner la partie et laisser le nouveau ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou gérer seul une situation pour le moins explosive.
Si les choses se déroulent sans grand dégât, il y aurait beaucoup de responsables pour s'approprier les dividendes du succès. Mais si elles tournent mal, le bouc émissaire et fusible est déjà connu.
Mais dans les deux cas, les grands oubliés, ce seront les agents de l'ordre déployés ce week-end à Kairouan et ailleurs.
C'est eux qui portent et porteront sur leurs épaules le poids des face-à-face, souvent violents, avec les extrémistes religieux... lâchés en sous-main par les dirigeants d'Ennahdha.
Jusqu'à quand va durer ce double jeu qui ne dupe plus personne?
I. B.