doghmane 5 21Pour Ferjani Doghmane, député d'Ennahdha, président de la commission des Finances à l'Assemblée constituante, il n'y a pas de rupture entre Ennahdha et Ansar Al-Chariâ. Mais la poursuite d'un dialogue... Ecouter.

Interviewé, mardi matin, par la radio française RFI, à propos des affrontements dimanche, entre les forces de l'ordre et les partisans d'Ansar Al-Chariâ, à la Cité Ettadhamen, M. Dohgmane a minimisé la portée de ces événements: «Le fait de se rassembler, de se réunir, d'avoir la liberté de parole, n'est pas interdit en Tunisie. Mais il y a une chose qu'il faut souligner : le respect de la loi.»

Il ne s'agit donc pas d'un problème de fonds avec un groupe qui ne reconnaît pas l'Etat et préconise ouvertement la violence, mais d'un problème de forme: ce mouvement aurait dû présenter une demande pour être autorisé à se réunir.

«Le ministère de l'Intérieur a jugé utile que les associations qui désirent organiser une manifestation doivent présenter une demande en ce sens aux autorités», a expliqué M. Doghmane. Pour lui, il s'agit seulement d'être «en conformité avec la loi.»

Interrogé sur les déclarations du chef du gouvernement Ali Lârayedh qui a qualifié, dimanche à Doha, Ansar Al-Chariâ de mouvement terroriste, M. Doghmane n'a pas voulu faire assumer cette position à son parti. «M. Lârayedh était ministre de l'Intérieur, et s'il a des preuves de ce qu'il dit, il doit assumer l'ampleur ses propos», a-t-il dit.

Peut-on parler d'un début de rupture entre Ennahdha et Ansar Al-Chariâ ? Réponse de M. Doghmane: «Non, on ne peut pas parler de rupture. Il n'y aura pas de chasse aux sorcières, comme sous l'ancien régime. Car le dialogue est la règle d'or avec ces mouvements. Le dialogue, le dialogue, le dialogue... dans le respect de la loi.»

Même après le maquis de Jebel Châmbi où sont réfugiés des salafistes jihadistes proches d'Al-Qaïda?

«Non, non, non, il n'y a pas de maquis. La Tunisie n'est pas en guerre. Il n'y a pas le feu», répond M. Doghmane. Il ajoute, sans craindre le ridicule : «J'étais hier au Kef, il n'y avait pas de ratissage. Il n'y avait rien.» Comme si l'armée allait ratisser les rues de la ville, et non les montagnes environnantes.

Quid alors des appels à la haine et à la guerre sainte lancés par les leaders d'Ansar Al-Chariâ? Réponse du dirigeant nahdhaoui: «On est dans les prêches. Ce sont des formulations irresponsables. On demande à leurs chefs de mesurer leurs propos.»

Et de se lancer dans un prêche contre l'ancien régime, l'opposition, les laïques, etc., «qui voudraient pousser l'Etat à entrer en confrontation avec les groupes extrémistes religieux» et qui seraient responsables de tous les maux actuels de la Tunisie: «Cet intégrisme religieux est une réponse à un intégrisme de gauche ou laïque», a-t-il répondu.

On notera, au passage, que M. Doghmane a répété, plusieurs fois, l'expression «Non, non madame...» On a dénombré 19 non en 5,39 mn: il fallait le faire... 

I. B.