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En boudant le sommet africain d'Addis-Abeba, pour des raisons fallacieuses et presque risibles, le président provisoire de la république a offensé, à la fois, l'Afrique et la Tunisie, pays fondateur de l'Union africaine (UA).

Par Imed Bahri

L'absence du président provisoire de la république, Moncef Marzouki, au sommet organisé à Addis-Abeba, en Ethiopie, pour marquer le 50e anniversaire de la création de l'UA, a été fortement critiquée par les observateurs.

Marzouki a beaucoup à faire en Tunisie mais quoi au juste ?

M. Marzouki, qui est allé à Paris pour signer son dernier livre publié en France, qui a rendu visite à Cheikha Moza dans son bureau à Doha (infligeant au passage une humiliation pour le peuple tunisien) et qui s'apprête à prendre l'avion pour Ankara où il donnera une conférence dans le cadre d'une activité organisée par un think tank turc, etc., ne peut raisonnablement justifier son absence à un sommet africain, au moment où la Tunisie prétend vouloir développer ses partenariat avec l'Afrique sub-saharienne et s'inquiète de la recrudescence du terrorisme à ses frontières, dans la zone saharo-sahélienne.

Non, vraiment, on pourrait difficilement admettre que M. Marzouki, et à travers lui la Tunisie, n'ont pas grand-chose à faire à Addis-Abeba.

C'est pourtant ce qu'a essayé d'expliquer, dimanche, Adnene Mansar, le porte-parole de la présidence de la république, dans une déclaration à l'agence Tap.

Selon lui, la Tunisie est bel et bien représentée au sommet de l'UA par la secrétaire d'Etat auprès du ministère des Affaires étrangères, Leila Bahria, et le conseiller diplomatique du président de la république Hédi Ben Abbes.

Que dire à M. Mansar sinon que Mme Bahria, avec tout le respect qu'on lui doit, n'a pas l'expérience diplomatique et politique requise pour ce genre de rendez-vous, et que M. Ben Abbes n'en a pas davantage.

On lui fera remarquera aussi, au passage, que Ben Ali, qui se désintéressait totalement de l'Afrique, envoyait souvent au sommet de l'UA le Premier ministre ou, au moins, le ministre des Affaires étrangères. Mais jamais un secrétaire d'Etat... M. Mansar le sait, qui se perd dans une argumentation oiseuse, en indiquant que la Tunisie avait pris part, dès le début des travaux du sommet, au niveau des experts. La belle affaire!

Les présidents s'amusent à Addis-Abeba

L'argumentation de M. Mansar tombe carrément dans la désinformation, la mauvaise foi ou, pour être plus indulgent, l'amateurisme diplomatique quant il fait remarquer, sans craindre le ridicule, que le sommet marquant le 50e anniversaire de la création de l'UA revêt «un caractère festif et non officiel», ajoutant que «la situation actuelle en Tunisie ne permet pas l'absence du chef de l'Etat durant 4 ou 5 jours de suite».

Le secrétaire général des Nations unies, les présidents de la France, du Brésil, de l'Egypte... le secrétaire d'Etat américain, le n°2 chinois, et tous les autres présidents et Premiers ministres africains, qui ont autrement plus de pouvoirs et de prérogatives que M. Marzouki, étaient donc à Addis-Abeba pour... s'amuser, et parce qu'ils n'ont rien à faire chez eux?

Non, M. Mansar, l'amateurisme diplomatique peut être accepté quand il ne frise pas l'insolence et le mauvais goût. Et là, vous dépassez toutes les bornes de ce qui est permis, en diplomatie, même quand on parle de chefs d'Etat ennemis.