Le Pôle démocratique moderniste (Al Qotb) annonce, sans surprise, son ralliement au Front populaire (FP), en vue de faire face à la «troïka», aux prochaines élections, et sauver le pays de la crise économique et politique.

Par Yüsra N. M'hiri

 Ce projet d'alliance, avait déjà annoncé, par Riadh Ben Fadhl, coordinateur d'Al-Qotb, lors d'une conférence de presse, le 26 mars dernier.

Pourquoi avoir décidé d'annoncer enfin officiellement cette alliance, aujourd'hui, au cours d'une nouvelle rencontre avec les médias, en présence des dirigeants des deux partis?

En fait, l'initiative, lancé la semaine dernière, par le FP pour former une alliance nationale de salut, semble s'accorder avec les objectifs d'Al-Qotb.

Hamma Hammami et Riadh Ben Fadhl (au centre) annoncent leur "mariage" de raison.

L'initiative en question consiste à créer un large front démocratique autour des quatre axes suivants: 1- la lutte contre la violence et le terrorisme ; 2- l'établissement d'un calendrier précis de la période de transition, qui doit aboutir à une Constitution démocratique et la tenue d'élections libres et transparentes; 3- l'arrêt de la liquidation des ressources du pays et de l'engagement d'accords mettant en péril l'indépendance de la Tunisie; 4- la prise de mesures urgentes pour combattre la cherté de la vie et améliorer les conditions de vie des couches populaires.

M. Ben Fadhl a entamé 3 ou 4 phrases par «Nous au Front populaire...» : à en croire que l'intégration est devenue totale ou qu'elle coule de source.

Embrassades Riadh Ben Fadhl et Hamma Hammami. 

«On ne peut pas rester insensible face à la recrudescence des violences en Tunisie, et notamment le meurtre du regretté militant de gauche Chokri Belaïd, à qui nous promettons de ne jamais lâcher prise», explique M. Ben Fadhl. Puis il ajoute : «Nous, au Front populaire, nous voulons travailler pour réaliser les objectifs de la révolution : travail, liberté, dignité nationale, qui sont totalement négligés par le pouvoir».

Hamma Hammami, porte parole du FP, reçu en «star» par les jeunes membres d'Al-Qotb (pose photo, applaudissements, et chaleureuses salutations), est plutôt ravi de cette union. Il explique que d'autres partis politiques de l'opposition pourraient bientôt faire autant qu'Al-Qotb: «Nous exprimons notre engagement inconditionnel dans la lutte pour la réalisation des objectifs de la révolution, la défense de la souveraineté nationale et l'unité de notre peuple. Nous persévérons dans le combat contre la violence, et nous invitons tous les partis politiques à en faire une priorité», souligne-t-il

Par ailleurs, Abdelbasset Sammari, membre de la coordination du courant réformiste au sein d'Ettakatol, s'est invité à la fête pour annoncer le dépôt d'une plainte contre le président de l'Assemblée nationale constituante (Anc) Mustapha Ben Jaâfar, en sa qualité de secrétaire général d'Ettakatol pour violation des règlements internes du parti.

Abdelbasset Sammari (Ettakatol) fait des plans sur la comète.

Mais quel lien y a-t-il entre le FP et cette affaire interne à un parti appartenant à la «troïka» au pouvoir? Le lien réside dans l'intention de M. Sammari et des autres dissidents d'Ettakatol de bouter hors du parti M. Ben Jaâfar et sa clique, de prendre en main les rênes du pouvoir dans ses instances, où ils prétendent être majoritaires, avant de... s'allier au FP.

Cela s'appelle faire des plans sur la comète...