Ayoub Massoudi, ex-conseiller du président provisoire de la république Moncef Marzouki, a décidé de recourir à la justice internationale dans le procès que lui a intenté le général Rachid Ammar, chef d'état major interarmes.
Par Imed Bahri
Ayoub Massoudi, rappelons-le, a démissionné de son poste à la présidence de la république – dont il était le responsable de la communication jusqu'à fin juin 2012 – pour dénoncer le comportement de l'institution militaire dans l'extradition de l'ex-Premier ministre libyen Baghdadi Mahmoudi, effectuée sans l'aval et sans même informer le président provisoire de la république, chef suprême des forces armes. Ses déclarations à ce sujet dans les médias lui ont valu un procès devant le tribunal militaire de Tunis, intenté contre lui par Rachid Ammar et l'ex-ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi.
Le tribunal a rendu, le 4 janvier 2013, contre Ayoub Massoud, le verdict suivant: un an de prison avec sursis, privation des droits civiques (comme l'accès à la fonction publique), interdiction de port d'armes, interdiction de port de toute décoration ou honneur de l'Etat et d'accès à tout poste politique...
La première audience devant le tribunal de cassation devrait avoir lieu le 19 juin. Mais comme pour anticiper un nouveau verdict en faveur de l'institution militaire, Ayoub Massoudi a publié, dimanche, un communiqué, où il affirme que la gravité du verdict prononcé à son encontre constitue «une atteinte à la liberté d'expression et aux libertés et droits fondamentaux». Il déplore aussi «la partialité de la justice militaire», dont il estime être «victime et témoin», «l'absence de toute indépendance de la justice en Tunisie», ainsi que «l'esprit de vengeance et de revanche qui ont caractérisé le déroulement de (son) procès».
Il annonce aussi sa décision de «recourir à la justice internationale avec l'aide d'un groupe d'avocats et d'un nombre d'organisations internationales et non gouvernementales.»
Ayoub Massoudi espère-t-il ainsi faire pression sur les juges, dont il espère, peut-être, plus d'indulgence à son égard que leurs collègues en première instance et en appel? Ou exprime-t-il ainsi un ras-le-bol et/ou un désespoir de voir la justice militaire montrer son indépendance vis-à-vis de l'armée nationale? Ou menace-t-il, sérieusement, cette institution, de porter son affaire devant l'opinion internationale et la communauté des défenseurs des droits de l'homme?