Sahbi Atig, président du bloc parlementaire d'Ennahdha, ne sera jugé – pour avoir proféré des menaces, samedi, contre une partie du peuple – qu'après la levée de son immunité parlementaire. Ce qui semble, aujourd'hui, impossible.
Le tribunal de première instance a accepté, lundi 15 juillet, la plainte déposée par plusieurs citoyens contre le député Sahbi Atig. Mais ce dernier ne comparaitra pas devant la justice. Et pour cause. La levée de l'immunité ne sera probablement pas votée à l'Assemblée nationale constituante (ANC). Car son parti Ennahdha, qui domine l'Assemblée, et ses alliés au sein de celle-ci, s'y opposeront.
Samedi 13 juillet, lors de la manifestation de soutien au président égyptien déchu Mohamed Morsi organisée par Ennahdha à l'avenue Habib Bourguiba, Sahbi Atig a menacé les Tunisiens qui demanderaient la destitution de l'ANC et du gouvernement. «Ils seront piétinés», a-t-il notamment lancé devant les centaines de manifestants. Il était entouré de Rafik Abdessalem (gendre de Rached Ghannouchi), Ajmi Lourimi, Lotfi Zitoun, Amer Larayedh et autres dirigeants d'Ennahdha.
Lundi 15 juillet, Ennahdha a publié un communiqué répondant à la vague des critiques suite aux menaces de l'un de ses membres (et représentant du peuple à l'ANC). Au début, le parti a cherché à trouver des circonstances atténuantes à son député en déclarant que son discours était métaphorique. Mais, vers la fin du communiqué, le parti islamiste a haussé le ton et menacé lui aussi les Tunisiens qui s'opposeraient à sa «légitimité». «Nous n'allons pas nous laisser faire. Il n'y a de légitimité que par les urnes. Nous allons défendre notre droit et peu importe le prix», lit-on notamment dans ce texte.
Il y a 2 ans, Ennahdha et une dizaine de partis ont signé un accord où ils s'engagent à ne pas dépasser la durée de la seconde période de la transition fixée à un an, le temps de rédiger la constitution, de gérer les affaires courantes du pays et de préparer des élections qui feraient entrer le pays dans la légalité constitutionnelle. Cette période a pris fin le 23 octobre 2012.
Les dirigeants d'Ennahdha, qui cherchent à accaparer tous les leviers du pouvoir, ne sont plus pressés d'achever la constitution et d'organiser des élections. Leur «légitimité» électorale, limitée à une année, ils la veulent éternelle...
Z. A.