marzouki ben hassine 7 18Tahar Ben Hassine, patron de la chaine Al-Hiwar Ettounsi, sera entendu par le procureur de la république dans les heures qui viennent. Pour un «délit» de lèse majestés...

 

C'est la présidence provisoire de la république qui l'a décidé, en demandant de poursuivre en justice de toute personne qui appellerait à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et à la destitution du gouvernement sans passer par les urnes. En d'autres termes : le délit d'opinion est réinstauré en Tunisie par celui qui fut, il y a déjà si longtemps, un fervent défenseur des droits de l'homme et des libertés individuelles. Comme le pouvoir – et ses prébendes et privilèges, notamment uns salaire de 30.000 dinars par mois pour le cas du président provisoire de la république – peuvent changer les hommes!

Tahar Ben Hassine, qui n'a jamais fait mystère de son désir de voir la «troïka», actuellement au pouvoir, destituée le plus rapidement possible afin de sauver le pays de ses incommensurables méfaits, semble être le premier visé par le président provisoire de la république Moncef Marzouki et par ses «employeurs» du parti islamiste Ennahdha.

«Je suis au courant. Je n'ai pas encore reçu une convocation pour comparaître devant le juge. Mais, c'est sûr, il y a une affaire dans ce sens contre moi et mon avocat va faire aujourd'hui des photocopies des documents qui seront remis au procureur de la république. Il va m'informer d'une minute à une autre des chefs d'inculpation. Mais, je vous dis aujourd'hui une chose, que je sois le premier à être jugé dans ce cadre est grand honneur pour moi», a déclaré Tahar Ben Hassine, joint au téléphone par Kapitalis.

Cette affaire s'inscrit dans la logique des déclarations de certaines personnalités au pouvoir, notamment Sahbi Atig, président du bloc parlementaire d'Ennahdha, Lotfi Zitoun, membre du Conseil de la Choura du même parti et autres ayant menacé de «piétiner les rebelles à la légitimité». Dans son communiqué publié lundi, le parti Ennahdha a déclaré être «prêt à payer le prix qu'il faut pour protéger la légitimité» (sic !), «quitte par la guerre civile» (re-sic !), ajoutera Lotfi Zitoun.

La «légitimité électorale» en question, rappelons-le, s'est terminée le 23 octobre 2012. Ennahdha et ses «clients» du Congrès de la république et d'Ettakatol se sont donc accordé une rallonge... tout-à-fait illégale. Et ils comptent rester jusqu'au-delà de 2014, sans que personne ne leur rappelle que leur ticket est terminé. M. Ben Hassine sera donc jugé pour avoir osé le faire.

Là, vraiment, Marzouki, Ghannouchi et leurs camarades font pire que Ben Ali!

Z. A.