Selon Abdelkader Labbaoui, président de l'Union nationale pour la neutralité de l'administration et du service public (UNNASP), le gouvernement de la «troïka» n'accorde aucun intérêt à ses appels pour la neutralité de l'administration.
M. Labbaoui indique, par ailleurs, qu'au cours des 3 derniers mois, son organisation a dénombré 212 nominations dans les cabinets des ministres, les municipalités, les délégations et la fonction publique en général.
Il en ressort que, parmi ces 212, 87% (environ 185) sont proches de la «troïka», la coalition tripartite au pouvoir réunissant Ennahdha, le Congrès pour la république (Al-Moatamar) et le Forum démocratique pour le travail et les libertés (Ettakatol). Et sur les 285, près de 86% sont des membres ou des sympathisants du parti islamiste Ennahdha.
«Ce sont des chiffres effrayants et inquiétants», s'est indigné M. Labbaoui, soulignant qu'«Ennahdha n'a pas cessé d'oeuvrer pour imposer son contrôle sur les appareils de l'Etat afin de pouvoir contrôler la société», car «le citoyen respire l'administration», selon ses termes.
Ce qui est d'autant plus dangereux, déplore encore M. Labbaoui, c'est que des personnes ont été nommées au sein de l'administration tunisienne non pas sur la base de leur compétence mais sur celle de leur appartenance partisane. Résultat: des dossiers importants ont été ouverts par des individus n'ayant aucune connaissance de la gestion des institutions, à commencer par la présidence du gouvernement, ce qui a eu un impact négatif sur la gestion de ces dossiers.
A propos des délégués (sous-préfets), M. Labbaoui a indiqué que jusqu'à fin mars dernier, 408 ont été nommés, dont 248 issus ou proches du parti Ennahdha et ils ont été accueillis par des vagues de protestation dans les régions, précisant que son organisation dispose de documents attestant toutes ses affirmations.
Depuis l'installation du gouvernement de la «troïka», en décembre 2011, et jusqu'à fin juin dernier, on a enregistré, toujours selon M. Labbaoui, quelque 3.219 nominations dans l'administration. 2.866 concernent des partisans ou des sympathisants d'Ennahdha. Sur ces 2.866 promus, 636 sont âgés entre 50 et 58 ans, et 294 dirigent, parallèlement, des projets et des sociétés privés, ce qui est interdit par la loi de la fonction publique.
Enfin, M. Labbaoui a désigné les ministères qui ont enregistré le plus grand nombre de nominations d'individus issus d'Ennahdha. Il s'agit des ministères de la Santé (Abdellatif Mekki), du Commerce (Abdelwaheb Maatar), de l'Agriculture (Mohamed Ben Salem), de l'Equipement (Mohamed Salmene), de l'Industrie (Jomaa Jomaa et, surtout, son prédécesseur, Mohamed Lamine Chakhari) et des Domaines de l'Etat (Slim Ben Hamidene).
I. B.