Des milliers de Tunisiens, représentant les divers partis d'opposition et la société civile, ont manifesté, vendredi, à Tunis pour la dissolution de l'Assemblée nationale et du gouvernement provisoire. Qui mènent le pays vers le précipice...
Par Seif Eddine Yahia
Suite à l'appel à la grève générale lancé par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), de nombreux manifestants ont fait le déplacement jusqu'au siège du syndicat, à la Place Mohamed Ali, au centre-ville de Tunis, pour crier leur mécontentement suite au décès du député opposant Mohamed Brahmi, assassiné jeudi, vers midi, au sortir de sa maison, à la Cité El Ghazala, au nord de Tunis, par deux individus appartenant à un groupe salafiste jihadiste, le même ayant assassiné, le 6 février, l'autre dirigeant de l'opposition Chokri Belaïd, selon le même mode opératoire et avec la même arme, selon les premières indications du ministère de l'Intérieur à propos du drame.
Les avocats au premier rang des manifestants.
Des solgans anti-Ennahdha et Rached Ghannouchi
La manifestation a commencé aux environs de 10 heures et les manifestants ont par la suite remonté l'avenue Bourguiba afin d'atteindre le ministère de l'Intérieur.
La foule compacte s'est arrêtée vers 11h30 devant le bâtiment gris du ministère où elle a entonné l'hymne nationale avant de crier le désormais célèbre «Dégage !» au gouvernement en place. La foule est restée bloquée quelques minutes devant les barbelés entourant le bâtiment bien gardé par un grand nombre d'agents, avant de se disperser dans le calme.
Tout le long de la manifestation, on a pu entendre de nombreux slogans appelant à faire tomber le gouvernement actuel, jugé désormais illégitime. Rached Ghannouchi et les membres de son parti, Ennahdha (au pouvoir), ont également été traités d'assassins pendant la marche.
A noter la présence plusieurs représentants de l'ordre des avocats parmi lesquels Basma Khalfaoui, la veuve de Chokri Belaïd. Egalement présente à la manifestation, l'avocate Leïla Ben Debba a rappelé que la publication des résultats de l'enquête préliminaire sur l'assassinat de Chokri Belaïd par le ministère de l'Intérieur allait se résumer à «du vent» et que les conclusions de l'enquête ne servaient qu'à faire diversion.
Pas d'affrontement ni d'incident majeur à signaler à midi malgré la présence de nombreux véhicules de police aux abords de l'avenue Habib Bourguiba et l'extrême tension palpable lors de la marche.
Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaïd, manifestent sa colère contre Ennahdha et la "troïka" responsables de l'assassinat de son époux.
Rendez-vous devant l'Assemblée constituante
Un grand nombre des manifestants se sont donnés le mot pour rejoindre l'Assemblée nationale constitutionnelle (ANC), au Bardo, à l'Ouest de Tunis, pour appeler à la dissolution de cette assemblée qui a dépassé son mandat légal (arrivé à échéance le 21 octobre 2012) d'un an, , sans réaliser la mission pour laquelle elle a été élue : la rédaction d'une nouvelle constitution et l'organisation de nouvelles élections.
Deux heures plus tard, l'avenue Habib Bourguiba allait être submergée par des manifestants de l'autre camp, les partisans du parti islamiste Ennahdha, sortis après la prière du vendredi, de la mosquée Al Fath, à l'Avenue de la Liberté, à quelques centaines de mètres de là. Pour ces manifestants, il s'agit plutôt de défendre le gouvernement et sa «légalité».