Les Musulmans ont bon dos aujourd’hui en France. C’est à qui tape dessus, le plus et le mieux. Preuve: le dernier prix Goncourt vient d’être attribué à un écrivain qui n’a jamais fait mystère de sa haine des Arabes et des Musulmans.
En effet, Michel Houellebecq, qui vient de recevoir le prix Goncourt du roman, la plus prestigieuse récompense littéraire en France, pour son dernier ouvrage ‘‘La Carte et le Territoire’’, est un raciste anti-Arabes et anti-Musulmans attitré.
Ceci explique-t-il cela?
En tant qu’Arabes et Musulmans, on ne peut que se poser cette question, tout en dénonçant cet écrivain qui n’a jamais de mots assez faibles pour insulter les Arabes et les Musulmans. Nous ne pouvons aussi qu’appeler les lecteurs, arabes et musulmans, non seulement à le boycotter – pour ne pas grossir son compte en banque – mais aussi à le dénoncer dans tous les cénacles littéraires.
Une seule de ses phrases assassines aurait dû suffire pour décrédibiliser cet écrivain sulfureux et faire caboter sa candidature n’importe quelle distinction. La voici: «Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme à la pensée qu’il y avait un musulman de moins», écrivait-il dans l’un de ses précédents romans, ‘‘Plateforme’’, où il raconte une belle romance qui finit tragiquement… dans un attentat islamiste,
Les membres du jury Goncourt ont-ils lu cette phrase de Houellebecq? Sans doute. Mais ils peuvent toujours justifier leur décision de lui décerner leur prix par une entourloupette du genre: c’est un personnage de roman qui parle et il ne faut pas faire endosser ses paroles à l’écrivain. Ou encore celle-ci, encore plus cruelle et plus infâme: la fiction n’a pas à se préoccuper de défendre le bien et de dénoncer le mal.
Et si ces chers membres du jury Goncourt n’ont primé l’auteur de ‘‘Plateforme’’ que parce qu’ils partagent tous, dans leur for intérieur, et au plus profond de leur inconscient collectif, cette haine des Arabes et des Musulmans?
L’islamophobie ordinaire et rampante
La question mérite d’autant plus d’être posée qu’on ne peut imaginer un instant que la même phrase, où l’on aurait changé «palestinien» par «israélien» et «musulman» par «juif», ou même par «chrétien» ou «bouddhiste», aurait permis à son auteur de figurer sur la liste du Goncourt, ou même d’un prix de moindre importance. C’est sur une convocation au tribunal, où il aurait à répondre de crime d’antisémitisme et de racisme, que son nom aurait sans doute plutôt figuré.
A travers ce honteux Goncourt, ce qui inquiète ce n’est pas tant le racisme de Houellebecq, un auteur minable et somme toute mineur, mais plutôt ce qu’il révèle de l’état de la société – française et occidentale – qu’il décrit. Une société infatuée de sa supériorité et où la haine de l’Islam, et plus encore des Musulmans, est en passe de devenir – au-delà des déclarations lénifiantes sur le dialogue des civilisations –, un lieu commun, une banalité dont personne ne s’offusque, même pas par hypocrisie.
Mais où va donc la France où l’on intente un procès à Stéphane Hessel, juif français d’origine allemande, ancien déporté à Buchenwald et Dora, ancien résistant et éternel militant des droits de l’homme… parce qu’il a osé critiquer Israël, et où l’on tresse des lauriers à un écrivain réputé pour son racisme anti-Arabes et anti-Musulmans?
R. K.