Le sit-in du Bardo appelant à la dissolution de l'assemblée et du gouvernement s'est doté de comités de logistique, sécuritaire et de communication. Il a publié son premier communiqué que nous reproduisons ci-dessous...

Après avoir enterré le martyr Mohamed Brahmi au cimetière du Jellaz samedi matin en compagnie de plusieurs milliers de Tunisiens, plusieurs élus de l'opposition ayant annoncé la suspension de leurs travaux à l'Assemblée nationale constituante (ANC) se sont dirigés vers la place du Bardo pour y observer un sit-in. Accompagnés de nombreux manifestants de tous âges et toutes conditions, ils se sont installés sur l'esplanade faisant face à l'ANC.

La police charge les manifestants et agresse le député Mongi Rahoui

Là, ce premier rassemblement a été attaqué par la police qui a eu un recours disproportionné à la force pour démanteler les tentes et disperser la foule à grand renfort de gaz lacrymogène.

Durant cet assaut, l'élu de l'opposition Mongi Rahoui a été violemment frappé à la tête par des individus se faisant passer pour des agents de police, nécessitant son transport à l'hôpital.

Sit-in le dimanche soir peu de temps avant la rupture du jeûne: une mobilisation sans précédent pour faire tomber le régime Ennahdha.

Cet acte odieux prouve une nouvelle fois que le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahdha n'a aucunement l'intention de respecter les droits de l'opposition et souhaite faire taire toute contestation.

Durant cet épisode de violence policière, il est devenu manifeste que les forces de l'ordre recevaient des ordres contradictoires sur le comportement à tenir face aux manifestants. Les commandements de ne pas violenter la foule venant du ministère de l'Intérieur ont été annulés par de hauts cadres politiques de la majorité souhaitant empêcher – par la force si nécessaire – l'organisation de la contestation suite au lâche assassinat d'une figure de la gauche.

Conférence de presse de la Coordination du sit-in du Bardo, dimanche après-midi.

Une foule humaine au soir de l'enterrement du martyr Brahmi

Après les graves incidents de l'après-midi, une autorisation formelle de manifester a été donnée par le ministère de l'Intérieur vers 18 h. Des milliers de protestataires ont alors afflué vers la place du Bardo pour manifester leur colère face au gouvernement de la Troïka, alors que plusieurs dizaines d'élus suspendaient leur activité à l'ANC et venaient grossir les rangs des sit-inneurs.

Iftar sous la lune à la place du Bardo, dimanche 28 juillet.

Selon une estimation de la police, jusqu'à 20 000 personnes se sont massés à l'appel de l'opposition, ce qui en fait l'une des plus importantes manifestations en Tunisie, et ce, en période de ramadan et malgré la forte chaleur.

Ce rassemblement s'est déroulé de manière totalement pacifique et bon enfant jusqu'à une heure très avancée de la soirée.

La police et des miliciens agresse les manifestants aidée

Alors que la foule commençait à se réduire vers 3 heures, dans la nuit de samedi à dimanche, l'élu d'Ennahdha Sahbi Atig, qui avait déjà proféré publiquement des menaces contre l'opposition au gouvernement de transition, s'est rendu à la contre-manifestation pro-troïka au Bardo. Ce rassemblement de quelques dizaines à quelques centaines de personnes était séparé de la manifestation par un important cordon de forces de l'ordre.

La harangue de l'élu contre les «opposants à la légitimité» et ses appels à les combattre ont dégénéré en affrontement. Ses partisans, appuyés par des milices inféodées aux islamistes, ont jeté des projectiles aux manifestants jusqu'à déclencher l'intervention des policiers.

Ceux-ci, au lieu de s'en prendre aux provocateurs, ont chargé le rassemblement pacifique de l'opposition poursuivant et agressant de nombreux manifestants dans les rues du Bardo.

Appel pour un Iftar géant dimanche soir

En réaction à ces nombreuses violences policières et à cette violation du droit d'expression et de manifestation, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a reçu des élus (Samir Bettaieb et Khmaies Ksila) pour leur présenter ses excuses. Il a également personnellement pris l'engagement que la sécurité du sit-in serait assurée.

Détente musicale pour souffler.

Pour montrer notre détermination à contester la légitimité de ce gouvernement complice des assassinats politiques et à montrer que les démocrates ne se laisseront pas intimider par la violence, nous appelons tous les Tunisiens à rejoindre le sit-in du Bardo dès que possible ce dimanche. Nous invitons également chacun à apporter son repas de rupture du jeûne pour un iftar géant en famille sur la place du Bardo, dès lors que la sécurité du rassemblement a été garantie par le ministre de l'Intérieur en personne.

Le Front du Salut national de la Tunisie