La manifestation du 6 août au Bardo, en mémoire à Chokri Belaïd, assassiné 6 mois plus tôt par des extrémistes religieux, se déroulera sous le signe de la culture: «L'arme des gens honnêtes et nobles» (dixit: Besma Khalfaoui).
Par Yüsra N. M'hiri
La veuve du Chokri Belaïd a tenu une conférence de presse, lundi matin, à Tunis, pour expliquer le déroulement de la manifestation, qui se tiendra au Bardo, en concomitance avec le Sit-in Errahil, appelant à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et du gouvernement provisoire et à la mise en place d'un gouvernement de salut national.
La manifestation prévoit un programme culturel, avec des chants, des poèmes, des animations pour enfants, mais aussi une exposition sur la vie de Chokri Belaïd. «Nous, on se bat avec nos idées et nos mots, face à un gouvernement qui se bouche les oreilles», dit Me Khalfaoui.
Parmi les participants on annonce les veuves des martyrs Chokri Belaid,Mohamed Brahmi, Lotfi Nagdh et Mohamed Belmufti, les représentants des partis politiques, des organisations nationales (UGTT, UTICA), des associations, des poètes Mohamed Sghaier Ouled Ahmed et Adam Fathi, du groupe musical des Colombes blanches, de la chanteuse Ghalia Ben Ali, des groupes artistiques Zouawla et Fanni Raghman Anni, du conteur Laroussi Zbidi, etc.
Affiche de la manifestation.
L'avocate se dit très optimiste quant à la mobilisation d'un grand nombre de participants, estimant que le peuple tunisien, «sensible et de tempérament pacifique», n'hésitera pas à manifester en mémoire d'un homme mort pour sa patrie.
«Je ne fais pas d'appel pour cette manifestation, je donne juste rendez-vous, car je suis persuadée que les Tunisiens viendront d'eux-mêmes, comme le jour de l'enterrement de Chokri Belaïd au Jellaz», souligne-t-elle.
La veuve de l'ancien leader du Front populaire a accusé, en avril dernier, la police et la justice de laxisme dans l'enquête relative à l'assassinat de son mari, laxisme qu'elle explique, surtout, par le manque de motivation. Revenue, aujourd'hui, au même sujet, elle persiste et signe.
Le 6 août, il s'agira aussi pour les manifestants de lancer un nouvel appel aux autorités judiciaires pour qu'elles fassent avancer l'enquête sur cet assassinat, une enquête qui fait péniblement du surplace, face à la perplexité de millions de Tunisiens, avides de connaître la vérité.
Mme Khalfaoui a, par ailleurs, annoncé la création de la Fondation Chokri Belaïd contre la violence, qui aura pour mission de poursuivre l'oeuvre du défunt contre ce fléau qui menace la Tunisie, aujourd'hui marquée par la montée de l'extrémisme religieux et du terrorisme islamiste.
Illustration: Basma Khalfaoui.