Depuis l'annonce, mardi après-midi, du gel des travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC), son président Mustapha Ben Jaâfar est violemment critiqué par ses alliés d'Ennahdha et du Congrès pour la république (CPR).
La Nahdhaouie Maherzia Labidi, premier vice-président de l'ANC, reproche à la décision de M. Ben Jaâfar d'avoir «été prise individuellement et sans consultation aucune».
Selon le député Samir Ben Amor, du CPR, cette décision «n'engage que la personne» de M. Ben Jaâfar. Son collègue d'Ennahdha, Walid Bannani, affirme, de son côté, que le Conseil de la Choura d'Ennahdha a débattu de la question du gel des activités de l'ANC, mais n'a pas encore déterminé la position définitive du parti islamiste à ce sujet.
Quant aux pages Facebook pro Ennahdha, elles foisonnent de commentaires exprimant une forte colère contre de M. Ben Jaâfar, qualifié même de «traitre».
Pour M. Ben Jaâfar, le gel des activités de l'ANC – qui sont d'ailleurs gelées de fait après le retrait de près du tiers des députés – est une tentative pour mettre Ennahdha dos au mur et l'obliger à lâcher du lest, notamment en acceptant la dissolution du gouvernement Larayedh et à la mise en place d'un gouvernement de salut national.
Ce geste aidera aussi peut-être à redresser son image et celle de son parti, surtout qu'Ettakatol est tombé très bas dans les sondages et sa descente aux enfers risque de s'accélérer s'il poursuit son alliance, jusque-là à sens unique, avec Ennahdha.
Last but not least, M. Ben Jaâfar espère se mettre ainsi en position pour mener d'éventuels arbitrages entre Ennahdha et l'opposition. Et se remettre, si possible, en selle pour les prochains combats politiques.
Z. A.