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Ni Houcine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT, ni Rached Ghannouchi, chef d'Ennahdha, parti islamiste au pouvoir, n'a fait hier des concessions pour tenter de trouver un terrain d'entente et sauver le pays.

Par Zohra Abid

Les négociations reprendront certes mercredi, après que les deux leaders aient fait part de la teneur des discussions avec leurs structures, mais personne ne se fait d'illusion, tant le chef d'Ennahdha – qui s'est fait accompagner à la rencontre par le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, faucon parmi les faucons –, ne semblait rien vouloir lâcher.

Houcine Abassi – l'un des premiers à avoir appelé, au lendemain de l'assassinat du député Mohamed Brahmi, à la dissolution du gouvernement Ali Lârayedh – l'admet et le regrette. Il a d'ailleurs avoué que la partie n'est pas facile et que les négociations avec Ennahdha sont très difficiles, exprimant ainsi un certain désappointement.

Ennahdha s'arc-boute sur ses positions

«Le différend n'est pas simple et dépasse les médiations. Il faut qu'il y ait une solution au plus vite pour l'intérêt du pays. Je m'adresse ici à la troïka et à l'opposition», a-t-il déclaré, en ajoutant, comme pour mettre les protagonistes devant leur responsabilité: «Nous ne pouvons pas être ici de simples médiateurs car nous sommes déjà victimes et plus rien ne marche dans le pays».

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En se faisant accompagner du faucon Abdellatif Mekki, Rached Ghannouchi annonce la couleur: zéro concession!

Rached Ghannouchi a affirmé, de son côté, que son parti «a fait d'énormes concessions, voire des sacrifices pour le bien du pays et que tout ira au mieux». Traduire : inutile d'espérer des concessions de la part d'Ennahdha.

La rencontre du lundi 12 août a duré plus de 4 heures, mais sans résultat, chacun se contentant d'expliciter sa position et, dans le cas d'Ennahdha, de justifier son intransigeance.

Selon nos sources, Ennahdha ne veut absolument pas sacrifier le très décrié chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, dont l'incompétence n'est plus à démontrer.

Au cas où il y aurait un nouveau gouvernement, Ali Larayedh en serait de nouveau le chef ou, tout au moins, le ministère de l'Intérieur, insiste-t-on du côté d'Ennahdha.

Ce qui ne serait jamais accepté par l'opposition, surtout après avoir la découverte de l'appareil sécuritaire parallèle au service d'Ennahdha, qui avait été mis en place par M. Larayedh du temps où il était ministre de l'Intérieur, et qui continue aujourd'hui de fonctionner sous sa direction, c'est-à-dire dans le dos de l'actuel ministre de l'Intérieur, le soi-disant indépendant Lotfi Ben Jeddou.

En vérité, Ennahdha table sur un affaiblissement du «Sit-in Errahil» et sur un éventuel retournement de la situation en Egypte. Il préfère donc temporiser, gagner du temps, laisser courir ses adversaires pour les avoir à l'usure.

Les conséquences de l'entêtement

Sur un autre plan, le parti islamiste s'est tellement compromis, en moins d'un an et demi, dans la gestion des affaires publiques, plaçant ses hommes dans tous les rouages de l'Etat et de l'appareil administratif, qu'il craint, en cas de départ intempestif du gouvernement, que des dossiers compromettant puissent lui être reprochés, mettant en question sa crédibilité et, par conséquent, ses chances aux prochaines élections.

Cependant, en s'accrochant au pouvoir, au risque d'aggraver la crise dans le pays, Ghannouchi et les siens risquent aussi de payer les frais d'un tel entêtement, car il trahiraient ainsi, outre leur soif de pouvoir, de prébendes et de privilèges, une propension à vouloir imposer leur volonté par la force aux Tunisiens.