Une prière de l'absent («salat al-ghaib») aura lieu, vendredi, dans toutes les mosquées de Tunisie à la mémoire des partisans de Mohamed Morsi, tués aujourd'hui suite à «l'intervention barbare des autorités égyptiennes au Caire».
Dans un communiqué rendu public aujourd'hui, le ministère des Affaires religieuses appelle les imams de toutes les mosquées de la république à effectuer, vendredi, la prière de l'absent à la mémoire des militants islamistes tués mercredi à la Place Rabaâ et à celle Ennahdha au Caire lors de la levée des sit-in appelant au retour du président déchu Mohamed Morsi.
Le ministère, dirigé par l'inénarrable Noureddine Khademi, prédicateur salafiste devant l'Eternel, condamne la barbarie de l'intervention des forces de sécurité au petit matin qui a fait «les milliers de victimes entre tués et blessés» (prenant, au passage, une grande liberté sur les chiffres), et dénonce «le bain de sang et le massacre froid de personnes non armées».
Le ministère du Culte va encore plus loin en qualifiant ce qui s'est passé aujourd'hui en Egypte de «crime contre l'humanité.»
Tout en exprimant son entière solidarité avec «nos frères», le ministère demande aux «oulémas tunisiens et ceux des pays musulmans de réagir et faire face à la ''fitna'' (discorde)».
D'un autre côté, le ministère appelle, dans le même communiqué, le peuple tunisien à «faire face aux putschistes et à tous ceux qui appellent à l'anarchie», mettant en garde toutes les personnes qui penseraient à répéter pareil scénario en Tunisie.
On s'étonnera cependant du fait que le ministère des Affaires religieuses se mêle ainsi de problèmes politiques et diplomatiques, et engage même dangereusement le pays dans un conflit avec un pays frère, l'Egypte, avec lequel les relations ont toujours été amicales et parfois même chaleureuses.
Comment répondre à cet étonnement sinon en considérant que pour le parti Ennahdha, qui domine le gouvernement tunisien actuel, politique et religion sont les deux faces d'une même monnaie : le pouvoir théologique?
Z. A.
