Mohamed Morsi  Rached GhannouchiRached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste Ennahdha, a annoncé, aujourd'hui, lors d'une conférence de presse à Tunis, que le gouvernement actuel ne sera pas dissous par les «putschistes», par allusion à l'opposition. Circulez, il n'y a rien à voir...

 

Le chef islamiste, qui a appelé à l'union et au dialogue, n'a pas manqué de reprocher à l'opposition d'être «une source de division du peuple», exactement ce que l'opposition reproche à M. Ghannouchi et à ses «frérots».

M. Ghannouchi a estimé également qu'un gouvernement de compétences nationales neutres, proposition soutenue par des opposants et mêmes des alliés d'Ennahdha, ne pourra pas gérer convenablement la situation délicate que traverse la Tunisie, et qu'il est temps de se consacrer à la finalisation de la constitution et à la fixation d'une date pour les élections.

Le chef d'Ennahdha est revenu, par ailleurs, sur le gel des travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC), décidé par son président, Mustapha Ben Jaâfar, indiquant que ce gel n'est que provisoire, et que «Mustapha Ben Jaâfar est suffisamment sage pour finir par reprendre les travaux de l'assemblée». Faut-il lire dans cette phrase une injonction à laquelle l'intéressé ne va pas tarder d'obtempérer? Wait and see...

Conférence de presse Rached Ghannouchi

Rached Ghannouchi: «Mustapha Ben Jaâfar est suffisamment sage pour finir par reprendre les travaux de l'assemblée».

Revenant sur la situation politique actuelle dans le pays, Rached Ghannouchi a rejeté en bloc la proposition de l'opposition de dissoudre l'ANC et le gouvernement provisoire et de mettre en place un gouvernement de salut national. Il a, d'ailleurs, accusé l'opposition de «manigancer un coup d'Etat»... Le chef islamiste n'a cependant pas expliqué comment l'opposition compte-t-elle y parvenir, sachant qu'elle n'a ni avions ni chars ni blindés, et que l'armée et la police sont plutôt sous le contrôle d'Ennahdha!

Que penser de cette conférence de presse intempestive, de son timing et de son contenu, sinon que M.

Ghannouchi et Ennahdha rejettent tout dialogue avec leurs adversaires politiques et entendent imposer leur feuille de route, aussi bien à leurs alliés (Mustapha Ben Jaâfar, coupable d'une intolérable indiscipline) qu'à leurs adversaires.

C'est ce qu'on appellera la «stratégie du bulldozer», qui a été suivie par le président Mohamed Morsi et les Frères musulmans en Egypte. On connaît la suite...

Y. N. M.