«M. Ghannouchi a parlé comme un haut responsable du Mouvement international des Frères musulmans (dont il est le vice-président, NDLR), beaucoup plus concerné par la question égyptienne que par la situation actuelle en Tunisie».
C'est ce qu'a déclaré Zied Lakhdar, porte-parole du Parti des patriote démocrates (Watad, gauche radicale), dans un commentaire à propos des déclarations de Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha (au pouvoir), lors de sa conférence de presse de jeudi matin.
«M. Ghannouchi a dit que l'Assemblée nationale constituante (ANC) n'est pas la propriété privée de Mustapha Ben Jaâfar. Je lui réponds, pour ma part, que le gouvernement et l'Etat tunisiens ne sont pas, non plus, sa propriété privée», a ajouté Zied Lakhdar, avant d'appeler à revoir toutes les nominations décidées au cours de l'année écoulée par le gouvernement nahdhaoui (présidé successivement par Hamadi Jebali et Ali Larayedh), non pas sur la base des compétences, mais sur celle de l'appartenance ou de l'allégeance au parti Ennahdha.
Les déclarations de M. Ghannouchi selon lesquelles le gouvernement actuel ne sera pas dissous mais remplacé par un gouvernement d'union nationale présidé par Ali Larayedh «constituent un grand retour en arrière et une déclaration de guerre adressée aux forces démocratiques et progressistes. Et il n'est pas difficile pour tout un chacun d'y voir le degré d'enfermement du mouvement Ennahdha, qui revient à des positions largement dépassées», a ajouté M. Lakhdar.
Le porte-parole du Watad fait, par ailleurs, assumer aux dirigeants du parti islamiste «la responsabilité de toute recrudescence de la tension politique dans le pays et de toute agression contre les forces démocratiques prenant part au sit-in Errahil au Bardo».
Il appelle également toutes les forces patriotiques dans le pays à conjuguer leurs efforts, à descendre dans les rues et à protester de manière pacifique pour maintenir la pression sur le gouvernement et préserver le pays des dangers que celui-ci lui fait courir par son incompétence et son arrogance.
I. B.