On sait que les islamistes d'Ennahdha sont des hypocrites, adeptes du mensonge, de la duplicité et du double langage, mais quand c'est leur chef, Rached Ghannouchi, qui le revendique, on ne peut que le croire sur parole.
Lors de sa conférence de presse de jeudi matin, au cours de laquelle il a ânonné, comme un élève du secondaire, un texte écrit pour lui et qu'il n'a pas pris le temps de lire – il était hier en Turquie pour une mission auprès de l'Organisation internationale des Frères musulmans et venait juste de rentrer –, M. Ghannouchi, pas très en forme, a déclaré : «Nous sommes engagés, au mouvement Ennahdha, par notre choix de l'unité et de l'intérêt national, sans que cela signifie un abandon des objectifs de la révolution. Nous sommes engagés par notre choix de l'unité et du ''nifaq'' (hypocrisie, NDLR), plutôt ''wifeq'' (consensus, NDLR)», s'est-il empressé de corriger, mais le coup était déjà parti.
Le lapsus, assez révélateur de la philosophie et, surtout, des pratiques d'Ennahdha, restera dans les annales de la politique tunisienne comme le modèle même du... parler-vrai.
M. Ghannouchi ne peut pas, en effet, être plus sincère, plus cohérent avec lui-même et en accord avec le fond de son être et avec la culture de son parti, qu'en revendiquant ainsi, haut et fort, et devant les caméras du monde entier, ce que ses adversaires lui reprochent : son «hypocrisie».
I. B.