Lotfi Ben Jeddou Ministre de l'interieur TunisieLe ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou a démis Mehrez Zouari de ses fonctions de directeur général des services spécialisés, et l’a nommé à la tête de l’Ecole supérieure des forces de sécurité intérieure.

Dix huit jours après le limogeage de Tahar Boubahri, ex-chargé de mission auprès du ministre de l’Intérieur, qui fut dans les années de clandestinité (1980-1990) chef de l’appareil sécuritaire secret d’Ennahdha, Lotfi Ben Jeddou a mis fin, mardi, aux services de Mehrez Zouari, directeur des services spécialisés, accusé par les médias d’être au coeur de l’appareil sécuritaire parallèle mis en place par le parti islamiste Ennahdha au sein du ministère de l’Intérieur.

M. Zouari serait aussi, selon des sources sécuritaires et médiatiques, responsable des abus commis à l’encontre les manifestants pacifiques, ainsi que des ratés de la lutte antiterroriste. M. Zouari est un proche du député d’Ennahdha, Habib Ellouze, faucon parmi les faucons, lui-même proche des salafistes jihadistes.

On soupçonne M. Zouari de recevoir ses instructions non pas du ministre de l’Intérieur mais de Montplaisir, quartier de Tunis où se trouve le QG du parti Ennahdha.

Lors des dernières manifestations antigouvernementales au Bardo, Mehrez Zouari aurait donné des instructions pour faire évacuer par la force (gaz lacrymogène, matraque…), à plusieurs reprises, la place du Sit-in Errahil, faisant plusieurs blessés, sans que le ministre de l’Intérieur n’ait été mis au courant.

Le nom de M. Zouari a été également évoqué dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd. Il avait été interrogé, 8 jours après cet assassinat, par le juge d’instruction, à propos de l’appareil sécuritaire parallèle, suite aux déclarations à ce sujet de notre confrère Zied El-Heni.

Zied El-Heni avait déclaré, le 8 février sur Nessma TV, que M. Zouari «aurait recruté une vingtaine de jeunes qui se rassemblent, chaque jour, devant le poste de police de la rue de Yougoslavie, montent dans un mini bus qui les conduit quelque part pour s’entraîner dans les arts martiaux et autres disciplines de guerre. Les noms de ces jeunes ne figurent nulle part dans les registres du ministre de l’Intérieur. Ils n’ont pas de numéro d’immatriculation comme les autres agents, qui ont d’ailleurs reçu l’ordre de ne pas s’approcher ou se mêler à eux».

Le 30 juillet dernier, Walid Zarrouk, secrétaire général du Syndicat des établissements pénitentiaires et membre du Syndicat pour une Sûreté républicaine, a confirmé, lors d’un point de presse à Tunis, l’existence d’une police parallèle en citant, en haut de la liste, le nom de Mehrez Zouari, qui, selon lui, reçoit les ordres directement d’Ennahdha et plus précisément du député Habib Ellouze, dont il serait un proche parent.

Z. A.