Dès l’annonce de l’acceptation par Ennahdha de l’initiative de l’UGTT pour sortir de la crise, les dirigeants du parti islamiste ont pris d’assaut les médias pour affirmer que la position de leur parti n’a pas été bien comprise.
Ennahdha n’a finalement rien accepté du tout, puisqu’il reste attaché à un gouvernement d’union nationale présidé par une personnalité issue du parti majoritaire nommé par le président provisoire de la république, comme le stipule la loi organisant les pouvoirs provisoires. Pas touche, également, à l’Assemblée nationale constituante (ANC), source de la légitimité politique. C’est ce qu’ont affirmé, sur Mosaïque FM, le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, et Houcine Jaziri, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires sociales, chargé de l’Emigration et des Tunisiens à l’étranger, tous deux membres du Conseil de la Choura d’Ennahdha. En d’autres termes, Ennahdha accepte juste de s’assoir autour de la table des négociations avec les autres partis, notamment ceux de l’opposition, et ce sur la base de l’initiative de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) comme simple point de départ des discussions. Si on a bien compris, Ennahdha manoeuvre sans rien lâcher : le parti cherche à gagner du temps, à diviser les partis de l’opposition entre ceux qui acceptent de s’assoir avec Ennahdha et ceux qui refusent, à gagner du temps au risque d’en faire perdre encore au pays et à mettre en échec la campagne Erhal (Dégage) que le Front de salut national (FSN) cherche à mobiliser, à partir de samedi, pour contester la dictature islamiste qui cherche à s’installer dans le pays. En d'autres termes, Ennahdha et Rached Ghannouchi se payent, encore une fois, la tête des Tunisiens. Les dirigeants de l'opposition qui ont accueilli avec satisfaction ce qu'ils ont considéré rapidement comme un changement de position d'Ennahdha ne vont pas tarder à déchanter... I.B. |