marzouki armee 8 23Depuis ce qu’il a qualifié de «coup d’Etat» en Egypte, le président provisoire de la république, Moncef Marzouki, assure un «marquage à la culotte» de l’armée nationale, selon la célèbre expression sportive.

En moins de 15 jours, du 7 au 23 août, M. Marzouki a eu, en effet, 6 activités consacrées à l’armée, l’équivalent de ce qu’un président «normal» accorde à cette institution en... une année.

Jugeons-en:

- le 7 août, le président provisoire assiste à une cérémonie à l'honneur d'un nombre de militaires promus;

- le 8 août, il inaugure le centre d'inspection de l'armée à Karaât Saber (délégation de Remada, sud);

- le 8 août, il inspecte l'administration générale des unités d'intervention, Fawj Elwassata, à Sousse (centre-est);

- le 21 août, il rencontre le ministre de la Défense Rachid Sabbagh;

- le 22 août, il annonce un important remaniement à la tête des principales directions de l’armée, où certains ont lu une volonté d’écarter les éléments non totalement «garantis», pour emprunter une expression chère à son ami Rached Ghannouchi, leader du mouvement islamiste Ennahdha;

- le 23 août, il préside le Conseil supérieur des armées, réunissant le ministre de la Défense, les chefs d’état-major des trois armées (terre, air et mer) et le directeur des renseignements militaires.

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Marzouki préside aujourd'hui le Conseil supérieur des armées.

Que se passe-t-il entre le Palais de Carthage et la Kasbah, siège du ministère de la Défense?

Le corps-à-corps imposé par M. Marzouki aux chefs de l’armée s’explique-t-il seulement par sa volonté d’assurer leur allégeance politique, ce qui serait une aberration, sachant l’attachement de l’armée tunisienne à sa neutralité, qui est à la base même de sa doctrine militaire?

Ou existe-t-il, comme l’ont écrit, hier, nos confrères de Nawaat, de fortes divergences sur le rôle de l’armée en cette période délicate traversée par le pays?

Le retour intempestif des militaires dans les casernes, mardi dernier, laissant de nombreuses institutions publiques sans protection, a fait couler beaucoup d'encre.

A la présidence de la république, on parle de rédploiement imminent. Oui, mais encore? Pourquoi? Comment? Et qui a pris la décision?

Mystère et boule de gomme, alors que le mouvement Erhal (Dégage) se met en place pour faire déguerpir les hauts responsables nommés non pour leur compétence mais pour leur allégeance à la "troïka" au pouvoir et surtout au parti islamiste Ennahdha.

I. B.