ghannouchi nessma 8 26Les Tunisiens doivent être infiniment reconnaissants au gouvernement de Ali Lârayedh du fait qu'ils disposent encore de l'eau et de l'électricité, a estimé dimanche Rached Ghannouchi.

Le président du parti islamiste Ennahdha, qui donnait sa première interview à la chaîne Nessma TV, a indiqué, parmi les réalisations du gouvernement provisoire, que ce dernier a assuré aux citoyens l’approvisionnement en eau et en électricité.

«Remerciez Dieu et soyez reconnaissants, car à chaque fois que vous avez besoin d’eau, vous le trouvez, et il en est de même de l’électricité, des matières premières et des divers produits de première nécessité», a dit le chef islamiste, avant d’enchaîner, en interpellant l’opposition: «Celui qui veut faire tomber le régime cherche en réalité à porter atteinte aux droits du citoyens et à ses besoins.»

Le raisonnement de M. Ghannouchi est aussi primaire que ridicule. Faut-il lui rappeler que sous Ben Ali, plus que sous le régime islamiste, les Tunisiens n’ont manqué ni d’eau, ni d’électricité ni d’aucun produit de première nécessité? Mieux encore, sous Ben Ali, les Tunisiens payaient ces produits beaucoup moins chers qu’aujourd’hui. Etait-ce pour autant une raison pour ne pas descendre dans la rue et exiger le départ du dictateur?

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Poids lourd contre poids mouche.

Faut-il rappeler également à M. Ghannouchi que le gouvernement Larayedh a augmenté les prix de l’eau potable, de l’électricité et du gaz et de plusieurs autres produits de première nécessité. Doit-on mettre ces augmentations au chapitre des réalisations de ce gouvernement devenu synonyme d’impuissance et d’incompétence?

On aurait aimé que l’interviewer, le journaliste Hamza Belloumi, fasse son boulot en rafraichissant la mémoire de M. Ghannouchi, or, il était timoré, se montrait complaisant, s’il ne servait pas carrément la soupe à son invité, en ponctuant ses interventions par des «moumtaz» (excellent), dont on sait pas s’ils qualifiaient les réponses de Ghannouchi ou lui servaient seulement de transition.

Ceux qui ont prétendu que l’interview a fait l’objet d’une transaction et que les frères Karoui ont perçu, en contrepartie, une importante somme d’argent pour la faire, qui plus est, aux conditions de M. Ghannouchi (notamment l’absence des deux journalistes chroniqueurs de la maison Sofiane Ben Hamida et Sofiane Ben Farhat), n’ont malheureusement pas été démentis par le comportement de Hamza Belloumi.

Il faut dire aussi que l’interviewé était un poids lourd de la politique et que le journaliste n’a pas la carrure nécessaire pour lui faire face : c’était poids lourd contre poids mouche. Et c’était peut-être voulu ainsi...

I. B.