En classant Ansar Al-Chariâ sur la liste des organisations terroristes, le chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, justifie-t-il, à l’insu de son plein gré, son propre procès de 1992?
Cette question a été posée par l’avocat Hassen Ghodhbani, qui fut l’un des défenseurs, il y a 21 ans, de l’actuel chef du gouvernement provisoire, ainsi que son prédécesseur Hamadi Jebali, et des députés islamistes Habib Ellouze et Sadok Chourou. Me Ghodhbani, dans un entretien publié par le quotidien arabophone ‘‘Attounissia’’, dans sa livraison du lundi 2 septembre, a déclaré que le classement d’Ansar Al-Chariâ comme organisation terroriste est une erreur monumentale de la part du gouvernement. Et pour cause: par cette décision précipitée, Ali Larayedh est en train de justifier son propre procès de 1992 devant la Cour militaire, explique l’avocat, ancien membre (et fondateur) du Mouvement de tendance islamique (MTI, ancêtre d’Ennahdha). En d'autres termes: M. larayedh recourt aux mêmes procédés autoritaires que sn ancien oppresseur: l'ex-président Ben Ali! M. Larayedh et ses camarades avaient été poursuivis, à l’époque, et condamnés à de lourdes peines de prison, pour appartenance à une organisation terroriste. L’avocat, inquiet de la position d’Ennahdha qu’il ne reconnaît plus, estime que ce parti n’a gardé de l’islam que l’aspect politique. Comme Me Ghodbani, plusieurs autres observateurs estiment que la décision relative au classement d’Ansar Al-Chariâ comme organisation terroriste est une manœuvre politique d’Ennahdha pour rester au pouvoir. Le juriste Kais Saïed pense que cette décision est un message adressé à des parties, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, pour dire que le gouvernement est en train de combattre sérieusement le terrorisme. «Or, ce classement doit être l’aboutissement de procès et non une décision prise à chaud ou pour des fins politiciennes», a-t-il dit. Lazhar Akremi, membre du bureau politique de Nida Tounes, voit, pour sa part, que la question du terrorisme concerne toutes les composantes de la société et pas seulement Ennahdha, qui cherche par n’importe quel moyen, en ce moment de crise, à rester au pouvoir. Ridha Belhaj, secrétaire général de Hizb Ettahrir, parti salafiste, proteste, lui aussi, contre cette décision qui est censée aider Ennahdha à rester plus longtemps au pouvoir. Z. A. Illustration: Abou Iyadh, chef d'Ansar Al-Chariâ, et Ali Larayedh. |