mustapha ben jaafar 7 9Que va dire le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, aux Tunisiens, auxquels il s’adressera ce soir, sur la chaine Watania1? 

Il ne faut pas être grand clerc pour le deviner : M. Ben Jaafar va annoncer son retour à la case Ennahdha.

Lundi dernier, il avait publié une déclaration dans laquelle il réaffirmait que sa décision de suspendre les travaux de l'ANC, le 6 août dernier, avait été prise «dans l'intérêt national» et pour «contribuer à créer des conditions favorables à un vrai dialogue entre les protagonistes».

Il s’y félicitait aussi du fait que l’objectif recherché par cette suspension soit en train d’être atteint, avec les négociations en cours entre les protagonistes politiques.

Le président d’Ettakatol avait voulu préparer ainsi l’opinion à son retour attendu dans le giron d’Ennahdha... qu’il n’a d’ailleurs jamais vraiment quittée.

A Kapitalis, nous n’avons jamais été dupes des manoeuvres de M. Ben Jaâfar, qui a cherché à absorber la colère des Tunisiens au lendemain de l’assassinat de Mohamed Brahmi, en décidant le gel des travaux de l’ANC. Maintenant que l’effet recherché a été obtenu, il peut maintenant se targuer d’avoir rendu service à ses «employeurs» Nahdaouis. Et en attendre un renvoi d’ascenseur, comme d’être leur prochain candidat à la présidence de la république : son rêve le plus fou.

Le 26 août dernier, nous écrivions ceci, dans un article ironiquement intitulé «Ettakatol aura-t-il le courage de rompre avec la troïka?»: «M. Ben Jaâfar et son parti essaient de jouer aux médiateurs en essayant de rapprocher les positions de la troïka et de l'opposition, aujourd'hui presque irréconciliables, mais se gardent de rompre les ponts avec aucune des parties, et particulièrement avec Ennahdha, dont ils restent des appendices de plus en plus inutiles.»

M. Ben Jaâfar va nous donner raison ce soir, au risque de nous faire dégoûter davantage de la politique telle qu’il l’a toujours faite: de lâchetés en compromissions...

I. B.