Des tracts distribués au Bardo appellent à la dissolution... du sit-in Errahil, responsable d'embouteillages monstres, et à laisser le temps à Ennahdha pour sauver le pays.
Par Yusra N. M'hiri
Des tracts adressés habitants du Bardo et environs, réalisés par des partisans du gouvernement provisoire, demandent au parti islamiste Ennahdha de ne faire aucune concession aux opposants.
Abdelhamid Troudi, le coordinateur général de la Coalition nationale pour la réalisation des objectifs de la révolution et pour la défense de la légitimité est à l'origine de cette action. Afin de s'attaquer au sit-in Errahil, qui revendique la dissolution de l'Assemblée et du gouvernement, il prend comme prétexte la rentrée scolaire. «Les routes sont bloquées et il est difficile de circuler, d'autant plus que la reprise des cours est imminente», explique-t-il, avec beaucoup de conviction, en espérant que son argument fasse mouche .
Contacté par téléphone, Abdelhamid Troudi nous a invité à la manifestation (en tant que citoyens) et nous a expliqué que la politique et lui font deux: «Je suis apolitique, mon action est citoyenne. Je veux que la Tunisie se porte bien et pour ce faire, il faut arrêter les sit-in Errahil». Il enchaîne, comme pour dissiper un inévitable soupçon: «Je ne suis pas pro Ennahdha. L'opposition et le gouvernement ont fait sombrer le pays dans la crise. On doit laisser le temps à Ennahdha pour sauver le pays.»
Abdelhamid Troudi prétend ne pas appartenir à Ennahdha, et on est censé le prendre au mot.
A la question «Êtes-vous pro Ennahdha?», il répond, visiblement irrité: «Ya okhti (ma sœur), je ne suis pour personne. Je suis pour la patrie. Ne posez pas trop de questions et venez à 16heures, du côté Ouest de l'ANC, non pas auprès des sit-inneurs de l'opposition, mais de l'autre côté», explique-t-il avec insistance.
La Coalition nationale pour la réalisation des objectifs de la révolution et pour la défense de la légitimité estime que le peuple est satisfait du pouvoir actuel puisqu'il est issu des urnes, et qu'il n'a aucune envie d'assister à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et du gouvernement provisoire, et encore moins à la mise en place d'un gouvernement de salut national constitué de compétences indépendantes.
Rappelons que le mois dernier, M. Troudi avait fait part de sa volonté de porter plainte contre les députés de l'opposition qui se sont retirés de l'ANC, les qualifiant de putschistes. Il aurait même récolté plus de 6.000 signatures de citoyens tunisiens demandant à l'ANC de reprendre les travaux. On n'a pas eu le temps de lui demander où il en est de sa plainte. On a eu cependant la confirmation que l'homme est tenace et qu'il poursuit son combat contre l'opposition avec la même verve.