Prenant les Tunisiens pour des idiots, la présidence provisoire de la république déclenche, à l’insu de son plein gré, des procédures pénales contre des journalistes, tout en réitérant son attachement à la liberté d’expression. Honteux et inquiétant...
La présidence provisoire de la république dément, dans un communiqué publié mardi, avoir porté plainte contre Zouhair El Jis, journaliste à Express FM, le directeur de rédaction de la radio et le responsable de son site web. La présidence provisoire de la république précise que le journaliste d’Express FM a invité l’analyste libanais Salem Zahran dans le cadre de son émission ‘‘Boed Nadhar’’ (Profondeur de vue), en date du 9 mars 2013. Ce dernier a affirmé que le président provisoire de la république perçoit un salaire de la chaîne qatarie Al-Jazira. Estimant que cette information est fausse, la présidence provisoire de la république a adressé un courrier aux services chargés des litiges de l’Etat, en date du 22 mai 2013, où elle leur demande de déposer une plainte civile à l’encontre de Salem Zahran, et seulement lui. La présidence affirme avoir reçu, le 4 juillet, un courrier du ministère de la Justice l’informant que le procureur de la république a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire à l’encontre de Salem Zahran, mais aussi contre le journaliste Zouhair El Jis et le directeur de rédaction de la station Express FM et le responsable du site web de la radio, sur la base d’une plainte déposée par le chargé des litiges de l’Etat. La présidence rappelle dans son communiqué qu’en vertu des règles des procédures pénales, la décision d’ouvrir une enquête judiciaire est irrévoc able, même sans lecas où le plaignant retire sa plainte. La présidence de la république souligne encore qu’elle n’a pas porté plainte, ni pénale ni civile, contre Zouhair El Jis, le directeur de rédaction d’Express FM, et le responsable du site web de la radio, tout en réitérant son attachement à la liberté de l’information et au respect de la liberté d’expression en tant qu’acquis fondamental de la révolution. Voilà pour la littérature présidentielle, reste que le Palais de Carthage semble vouloir prendre les Tunisiens pour des idiots. Bien sûr, la justice en Tunisie est indépendante du pouvoir exécutif. Et nous sommes tenus de croire à cette fable. Quoi qu’il en soit, n’est-ce pas le courrier présidentiel qui a déclenché toute la procédure, la justice n’ayant fait, comme à son habitude, que du zèle. N’est-ce pas M. Marzouki? Du temps de votre prédécesseur, Zine El Abidine Ben Ali, la justice fonctionnait presque de la même manière. On connaît la suite... I. B.
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