Le silence observé par le ministère de l'Intérieur sur les projets de la cellule terroriste arrêtée hier au quartier Lafayette à Tunis alimente les soupçons et les craintes, et pas seulement parmi les dirigeants du Front populaire.
Par Imed Bahri
Des sources au sein du Front populaire affirment que les membres de la cellule terroriste arrêtés jeudi à l'aube au quartier de Lafayette à Tunis préparaient un attentat contre leurs dirigeants qui allaient se réunir, ce dimanche, dans ce même quartier.
Une cellule terroriste à Lafayette
La cellule terroriste, dont les membres ont été arrêtés hier à l'aube, avait loué récemment un appartement situé à la rue Palestine (Lafayette) à Tunis, juste en face du siège du parti Ettaliaâ (nationaliste arabe). Difficile d'admettre qu'il s'agit là d'une simple coïncidence.
Une vidéo a été partagée sur les réseaux sociaux où l'on voit l'arrestation de 4 personnes par les unités sécuritaires, après un bref échange de tirs. Des sources parlent de la saisie de 2 valises (l'une pleine de munitions et l'autre de documents et photos).
Le démenti officiel du ministère de l'Intérieur n'arrange pas les choses et ne dissipe pas les lourds soupçons autour de cette affaire.
Affirmer que l'assaut effectué par les unités spéciales de la Brigade antiterroriste au quartier Lafayette à Tunis n'a aucun lien avec une tentative d'assassinat de Ahmed Seddik, secrétaire général du parti Ettaliaâ et dirigeant du Front populaire, ne suffit pas pour calmer les esprits. Et pour cause: certains faits troublants font craindre le pire.
Du côté du Front populaire, on indique que le parti Ettaliâ a programmé une réunion de son bureau politique, ce samedi, dans son local à la rue de Palestine, ainsi qu'une réunion, dimanche, dans le même local, de la direction du Front populaire.
La cellule terroriste arrêtée prévoyait donc une attaque contre l'une ou l'autre réunion, sachant que la plupart des dirigeants de la gauche radicale, les plus fermement opposés au parti islamiste Ennahdha, allaient être présents lors de la réunion de dimanche : Tahar Hammami, Zied Lakhdar, Ahmed Seddik, Mongi Rahoui, etc.
Les silences inquiétants du ministère de l'Intérieur
Des questions se posent à ce propos : Qui a informé la cellule terroriste des dates et lieux des deux réunions? Pourquoi les autorités sécuritaires observent-elles un silence pour le moins ambigu sur cette question? Le démenti dont elles se sont fendues n'éclaire pas l'opinion publique mais ajoute à l'ambiguïté de leur position, le jour même où l'Initiative pour la recherche de la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaid (IRVA) a affirmé, au cours d'une conférence de presse, détenir des preuves que ministère de l'Intérieur était au courant du projet d'assassinat du député de l'opposition Mohamed Brahmi, 11 jours avant que les assassins, un groupe d'extrémistes religieux, ne passent à l'acte...
Cela fait trop de silences... pour ne pas faire jaser !