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Samir Tarhouni, le célèbre chef de la Brigade antiterroriste, vient d'être nommé directeur général de la Formation au ministère de l'Intérieur. Et-ce une promotion ou une mise au frigo de la république?

Par Imed Bahri

 Mosaïque FM, qui a diffusé l'information vendredi, ne l'a pas commentée. On peut cependant voir dans cette décision plutôt qu'une promotion, une mise à l'écart ou, au mieux, une sortie par la grande porte.

D'abord, parce que l'intéressé est un homme de terrain, un technicien de la lutte antiterroriste, qui ne doit se satisfaire d'être désormais confiné dans une tâche certes passionnante mais qui n'est pas faite pour lui.

L'homme qui gêne les plans d'Ennahdha?

Ensuite, Samir Tarhouni, qui n'a pas apprécié la manière avec laquelle les services du ministère de l'Intérieur ont géré jusque là la lutte contre les réseaux terroristes, en le maintenant parfois, lui et ses hommes, à l'écart de certaines opérations, a de bonnes raisons, aujourd'hui, de penser que les responsables de l'appareil sécuritaire ne cherchent pas seulement à le marginaliser mais aussi à le mettre hors-circuit.
Le patriotisme et le courage de Samir Tarhouni, qui lui ont permis de jouer un rôle central dans la fuite de l'ex-président Ben Ali et la chute de son régime, ne semblent pas plaire aux nouveaux maîtres du pays, les dirigeants d'Ennahdha, qui cherchent aujourd'hui à imposer leur domination sur tous les appareils de l'Etat, à commencer par l'appareil sécuritaire.

Les informations relatives à la mise en place d'un appareil sécuritaire parallèle à la solde d'Ennahdha, relayées par certains médias et syndicats de police, sont à mettre en relation avec ce plan diabolique visant à instaurer une nouvelle dictature, islamique cette fois.

Le plan des putschistes

Samir Tarhouni est-il devenu un obstacle sur le chemin de ces «putschistes» qui utilisent le pouvoir provisoire qui leur est confié pour imposer leur mainmise définitive sur le pays? On a de bonnes raisons de le penser...

Quoi qu'il en soit, et en attendant la confirmation officielle de la nouvelle nomination de Samir Tarhouni, les craintes exprimées ci-haut sont assez inquiétantes pour donner à réfléchir aux dirigeants des partis de l'opposition qui s'apprêtent à s'asseoir, aujourd'hui, sur la table des négociations avec Ennahdha dans le cadre du dialogue national parrainé par le quartet d'organisations nationales : UGTT, Utica, LTDH et COAT.

Peut-on, en effet, dialoguer avec des «putschistes», qui font exactement le contraire de ce qu'ils annoncent, à cor-et-à-cri, dans les médias et aux diplomates étrangers et bailleurs de fonds internationaux?