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Le Congrès de dialogue national a finalement démarré, samedi, au Palais des Congrès, à Tunis, vers 12h15, avec 3 heures de retard. Signe que toutes difficultés n'ont pas encore été aplanies.

Par Imed Bahri

Ce retard est du aux discussions et concertations de dernière minutes provoquées par le refus des partis de la troïka au pouvoir (Ennahdha, Congrès pour la République et Ettakatol) de signer la feuille de route élaborée par le quartet parrainant le dialogue (UGTT, Utica, Ordre des avocats, LTDH) et qui stipule la démission du gouvernement en place et la mise en place d'un gouvernement de compétences nationales indépendantes, dont les membres s'engagent à ne pas se présenter aux prochaines élections.

Le refus des membres des partis de la troïka de signer la feuille route a provoqué des doutes chez l'opposition sur la volonté de ces partis, et notamment du parti islamiste Ennahdha, d'assumer leurs engagements dans le cadre du dialogue national.

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 Houcine Abassi donne le la...

Finalement, et après plusieurs heures de palabres à n'en plus finir, et alors que l'on a commencé à craindre une annnullation pure et simple de l'événement, tout est rentré miraculeusement dans l'ordre, et la cérémonie d'ouverture a pu enfin démarrer... 

Dans son discours d'ouverture, Houcine Abassi, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT), a averti que «la Tunisie s'enfonce jour après jour dans la crise» et qu'«il convient d'abandonner l'idée de minorité et de majorité», qui divise et oppose les protagonistes de la scène politique. Il a ajouté que «bonne foi, l'autodiscipline et la tolérance vis-à-vis de l'autre sont les conditions nécessaires pour la réussite du dialogue national», tout en soulignant «la nécessité de révéler toute la vérité sur l'assassinat des dirigeants de l'opposition Chokri Belaid et Mohamed Brahmi.»

Moncef Marzouki, président provisoire de la république, a loué, dans son intervention, la «patience du peuple», la «responsabilité de la classe politique», la «maturité de la société civile» et la «sagesse de la direction» qui ont permis la préparation et mise en route du dialogue nationale, malgré la situation difficile dans le pays.

Tout en soulignant les menaces auxquelles fait face la Tunisie, notamment le terrorisme, qui vise à déstabiliser le pays, et la crise économique, M. Marzouki a lancé aux responsables des partis présents: «Ne trahissez pas notre attente et oeuvrez ensemble à la réussite du dialogue national !»

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Wided Bouchamaoui appelle les dirigeants politiques à faire confiance aux hommes d'affaires.

«La situation économique nous interdit de prolonger les discussions. L'économie est presque paralysée. Il faut instaurer le climat nécessaire à la reprise de l'investissement intérieur et extérieur», a encore averti M. Marzouki. Et d'ajouter : «L'année 2014 va être l'une des plus difficiles sur le plan économique. Aussi devrions-nous instaurer la paix sociale avant les élections, mais aussi après, car ceux qui vont être élus seront confrontés eux aussi aux mêmes difficultés».

Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) a estimé que «les Tunisiens ont besoin de faire preuve de patience, de sagesse et de courage pour arriver à des consensus décisifs susceptibles de leur permettre de négocier le dangereux tournant actuel et faire en sorte que la Tunisie arrive à bon port».

Tout en insistant sur «la responsabilité historique» des protagonistes politiques qui doivent, selon lui, «faire des concessions nécessaires pour pouvoir relever les défis économiques, sécuritaires et politiques actuels», M. Ben Jaâfar a lancé: «La réussite doit être notre objectif, car l'échec sera une lourde responsabilité dont nous aurons à rendre compte.»

Wided Bouchamaoui, président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica, patronat), a pour sa part, souligné l'indépendance de son organisation qui, en restant à une même distance de tous les partis politiques, ne peut pas rester insensible ou indifférente à la situation générale dans le pays.

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Hamma Hammami signe la feuille de route du quartet... après Rached Ghannouchi.

Tout en soulignant les difficultés auxquelles font face les opérateurs économiques depuis la révolution, Mme Bouchamaoui a souligné «3 priorités : le rétablissement de la sécurité, l'adoption d'un plan d'urgence pour la relance économique et la mise en place des conditions nécessaires à la tenue d'élections transparentes dans les meilleurs délais».

«Les hommes d'affaires tunisiens sont très attachés à leur pays. Ils ne le quitteront jamais sous aucune condition. Et s'ils vous font confiance pour sortir la Tunisie de la crise politique actuelle, ils vous demandent de leur faire confiance à votre tour», a-t-elle conclu.

A la reprise des travaux du congrès, en début d'après-midi, les responsables des partis politiques participant au dialogue ont procédé à la signature de la feuille de route pour le dialogue national, y compris Ennahdha par Rached Ghannouchi et le Parti des Travailleurs par Hamma Hammami.