larayedh 10 13Le chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh a enfin reconnu l’erreur d’appréciation de l’institution sécuritaire tunisienne dans l’affaire de Mohamed Brahmi. «Trop peu, trop tard», dirait-on.

M. Larayedh, interviewé, à sa demande, samedi soir, par la chaine télévisée nationale Watania 1, a expliqué: «L’institution sécuritaire n’a pas accordé l’attention nécessaire au document (avertissement de la CIA, NDLR) alertant sur le projet d’assassinat de Mohamed Brahmi. Il s’agit d’une erreur d’évaluation du danger qui menaçait la vie du défunt».

Le chef du gouvernement provisoire a ajouté, par ailleurs, qu’il n’a été informé de l’existence de ce document que des jours après l’assassinat de Brahmi, le 25 juillet dernier. Ce qui constitue une autre grande erreur de l’institution sécuritaire, insondable cachotière, dont les ratés dépassent de loin les réussites en matière de lutte contre la violence et le terrorisme.

Ce n’est pas, on l’imagine, l’avis de M. Larayedh, qui a affirmé que le ministère de l’Intérieur (dont il a eu charge entre la fin 2011 et mars 2013 et qu’il a continué à gérer à partir du Palais du Gouvernement, après en avoir nommé lui-même les principaux responsables) «a accompli un énorme travail pour réduire les risques sécuritaires pesant sur le pays».

Mais comme il doit y avoir un responsable des ratés et des dysfonctionnements, M. Larayedh a cru devoir botter en touche en ajoutant que «l’institution sécuritaire a porté le fardeau des erreurs et de la répression de l’ancien régime» et que «plusieurs cadres compétents ont choisi de se retirer à cause de la campagne de dénigrement ayant ciblé l’institution après la révolution.»

La démagogie de cet argument apparait dès qu’on rappelle que M. Larayedh a récupéré la plupart des hauts responsables sécuritaires impliqués dans l’ancien régime - et ont montré la volonté de servir l'actuel régime islamiste - et écarté ceux parmi eux qui appellent à réformer le secteur et à mettre en place une police républicaine au service du citoyen et non du gouvernement et du parti qui le domine, Ennahdha en l’occurrence.

I. B.