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Les propagandistes d'Ennahdha s'en prennent aujourd'hui à Yadh Ben Achour, l'homme qui a présidé à la tenue des premières élections libres et transparentes en Tunisie, ayant amené... Ennahdha au pouvoir.

Par Imed Bahri

Les islamistes, on le sait, ont la mémoire aussi courte que leur soif de pouvoir est incommensurable. Pour preuve : la campagne de dénigrement qu'ils mènent aujourd'hui contre Yadh Ben Achour, célèbre professeur de droit qui a présidé, au lendemain de la révolution, la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror).

Ben Achour et Ben Ali

Cette instance, on le sait, a présidé à la mise en place de l'architecture juridique et des conditions politiques pour la tenue des premières élections libres, transparentes et crédibles dans l'histoire du pays. Ce sont ces élections, organisées un certains 23 octobre 2011, qui, faut-il le rappeler, ont fait accéder Ennahdha au pouvoir, après plusieurs décennies d'exclusion et de répression de ses membres.

Coupable à leurs yeux de défendre les revendications de l'opposition, rassemblée au sein du Front du salut national (FSN), à savoir la démission du gouvernement Ali Larayedh et la mise en place d'un gouvernement de compétences nationales indépendantes pour présider à ce qui reste de la phase transitoire et veiller à l'organisation des prochaines élections, Yadh Ben Achour est qualifié aujourd'hui, par les Nahdhaouis, de «parrain» d'une soi-disant «mafia» qui chercherait à renverser le gouvernement actuel et à mener un putsch contre la légitimité électorale incarnée par Ennahdha.

Dans leur verve inquisitrice, les propagandistes islamistes ne reculent devant aucun mensonge, comme, par exemple, d'accuser Yadh Ben Achour d'avoir été l'un des piliers de l'ancien régime. Ce qui est, on le sait, une contre-vérité historique absolue. Car s'il a fait partie du Conseil constitutionnel au lendemain du 7 novembre 1987 et de l'accession de Ben Ali au pouvoir sur la base de promesses démocratiques de ce dernier, M. Ben Achour en a démissionné dès 1992, en constatant la dérive autoritaire du nouveau régime, qu'il a combattu par la suite, avec les seules armes qui étaient en sa possession : la résistance intellectuelle et politique.

Par ailleurs, et s'il n'a adhéré à aucun parti, par souci d'indépendance et pour garder sa liberté de pensée, Yadh Ben Achour n'a jamais hésité à critiquer le régime de Ben Ali, en fustigeant, par exemple, la révision constitutionnelle de 2002 qui a permis à ce dernier de se présenter sa candidature à la présidence de la république pour la 4e fois consécutive. Il s'était alors exprimé en sa qualité de spécialiste de droit constitutionnel mais aussi en tant que citoyen tunisien épris de liberté et de démocratie.

Le «courage» des chroniqueurs anonymes

Qu'un certain Abou Sofiane Mohamed, pseudonyme sous lequel se cache «courageusement» un plumitif de service monnayé par Ennahdha, vienne aujourd'hui accuser Yadh Ben Achour d'être l'architecte d'un «putsch de velours» visant à «faire échec à la révolution», cela ne trompera personne (voir Babnet).

L'accusation est si ridicule et si vulgaire qu'elle ne risque pas d'atteindre M. Ben Achour ou écorner l'image lumineuse qu'ont de lui la majorité de ses compatriotes, celle d'un homme de science doublé d'un homme de conscience qui ne transige pas avec les principes de liberté et de démocratie qu'il a longtemps défendus dans ses nombreux essais, notamment ''Politique, religion et droit dans le monde arabe'' (1992) et ''Normes, foi et loi en particulier dans l'islam'' (1993).