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Dans une interview à Sky News Arabic, lundi, Béji Caïd Essebsi, leader de Nida Tounes , a déclaré: «Si le dialogue national arrive à une impasse et que nous ne parvenons pas à un consensus, nous reviendrions au peuple, qui est la source de la souveraineté.»

Par Imed Bahri

La feuille de route du Quartet d'organisations nationales (UGTT, Utica, Ordre des avocats, LTDH), qui est à la base du dialogue national, a fixé la date du 15 novembre pour la démission du gouvernement Ali Larayedh et la mise en place d'un nouveau gouvernement présidé par une personnalité indépendante, choisie de manière consensuelle.

Larayedh partira, partira pas...

Or, M. Larayedh a conditionné son acceptation de cette feuille de route par l'avance concomitante des deux processus, gouvernemental et constitutionnel, et déclaré que son gouvernement ne démissionnera qu'après l'achèvement de la mission de l'Assemblée nationale constitutionnelle (ANC). D'un autre côté, a rappelé M. Caïd Essebsi, Ennahdha, qui dispose d'une majorité relative à l'ANC, a fait une sorte de putsch qui empêche le processus constitutionnel d'avancer. «La démission du gouvernement est donc ainsi rendue impossible. Puisque le processus constitutionnel est bloqué», a indiqué M. Caïd Essebsi.

Interrogé sur le choix du prochain chef du gouvernement, le chef de Nida Tounes a répondu: «Je ne crois pas que l'on aboutira à un choix consensuel. Car la culture du consensus n'existe pas chez les dirigeants de la Troïka (la coalition au pouvoir dominée par le parti islamiste Ennahdha, NDLR). Ils choisissent un candidat et veulent l'imposer aux autres. C'est ce qui a d'ailleurs mis fin au dialogue.»

Pourquoi l'opposition a-t-elle rejeté la candidature de Ahmed Mestiri, une personnalité censée faire l'unanimité? Réponse de M. Caïd Essebsi: «Nous ne rejetons personne et nous n'avons pas de problème avec Mestiri, c'est un grand militant et un homme d'Etat. Je pense aussi qu'il est indépendant et n'acceptera pas se faire dicter ses décisions par Ennahdha ou par toute autre partie. C'est la méthode, qui consiste à imposer un candidat, que nous rejetons, car elle est en totale contradiction avec l'idée même de consensus.»

Selon M. Caïd Essebsi, Nida Tounes et les autres partis de l'opposition ont présenté, de leur côté, la candidature de Mohamed Ennaceur, mais ils n'ont pas cherché à l'imposer aux autres protagonistes. «Nous voulons un candidat de consensus», a-t-il précisé. Aussi, les candidats déjà proposés et qui n'ont pu obtenir un consensus autour de leur candidature (notamment Ahmed Mestiri et Mohamed Ennaceur), doivent-ils être abandonnés, car ils ont été refusés par l'une des parties, a encore expliqué le président de Nida Tounes et principal leader de l'opposition.

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Caïd Essebsi: «En cas d'impasse  nous reviendrons, bien-sûr, au peuple, qui est la source de la souveraineté.

Retour au peuple, source de la souveraineté

Tout en soulignant la nécessité de reprendre le dialogue national sur de nouvelles bases, car seul le consensus est susceptible de sortir le pays de sa crise actuelle, M. Caïd Essebsi a estimé, qu'«en cas d'impasse et si on n'arrive pas à un consensus, nous reviendrons, bien-sûr, au peuple, qui est la source de la souveraineté.

Est-ce à dire que l'opposition pourrait revenir à la rue pour trancher son différend avec la coalition au pouvoir? Réponse de M. Caïd Essebsi: «Nous ne sommes pas partisans de la mobilisation de la rue. Cela ne nous empêchera pas de revenir aux Tunisiens et de leur dire: ''Vous avez élu des gens qui n'ont pas respecté leurs engagements à votre égard. Vous devez reprendre en main votre destin et imposer votre souveraineté''.»

Interrogé sur la «légitimité électorale» dont se prévaut Ennahdha et ses alliés, Béji Caïd Essebsi a rappelé qu'«Ennahdha n'a pas eu une majorité dans des élections parlementaires. Les membres de l'ANC ont été élus pour une année et pour rédiger une constitution. Or, ils ont largement dépassé le délai d'un an, sans pour autant achever la rédaction de la constitution. La légitimité électorale étant donc terminée, la seule solution consiste à aller vers une légitimité consensuelle.»

Quid d'un possible partage du pouvoir entre Ennahdha et Nida Tounes?, a demandé le journaliste, faisant allusion la récente rencontre, à Paris, du l'ex-Premier ministre avec le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi. «Cela n'est pas à l'ordre du jour», a indiqué M. Caïd Essebsi. Et d'ajouter: «Nous sommes dans un processus de dialogue pour une solution consensuelle. Ce processus est aujourd'hui suspendu. Il doit reprendre sur de nouvelles bases.»

Le départ de Ahmed Néjib Chebbi et du parti Al-Jomhouri du Front du salut national (FSN) et leur ralliement à la Troïka ne risquent-il pas de faire éclater ce front qui regroupe les partis opposés à Ennahdha et à la Troïka?

Caïd Essebsi ne semble pas se faire de souci à ce sujet. «Je ne pense pas que Chebbi rejoindra la Troïka, et même s'il le ferait, cela ne changerait rien à la solidité et à l'unité du FSN, qui restera homogène, même en cas de départ de Nida Tounes», a-t-il répondu.