Les partisans du Front populaire vont manifester cet après-midi pour appeler à la démission du gouvernement. Les milices d'Ennahdha aussi, mais pour soutenir le gouvernement. Avis de tempête...
Par Yüsra N. M'hiri
Ennahdha n'a pas appelé ses partisans à un rassemblement à l'avenue Habib Bourguiba, aujourd'hui. Ce sont les Ligues de la protection de la révolution (LPR), ses milices violentes, qui vont s'en charger. Et on peut leur faire confiance : il y aura de la casse...
Le cynisme de Ajmi Lourimi
Ajmi Lourimi, membre du Conseil de la Choura chargé du parti islamiste Ennahdha a déclaré sur Mosaique FM que les partis de l'opposition, qui appellent à manifester pour demander la démission du gouvernement, veulent faire du chantage politique. Il n'en voit d'ailleurs pas l'utilité, estimant que le dialogue national n'a pas encore échoué.
Ce dialogue, rappelons-le, est suspendu depuis le 4 novembre, en raison des manoeuvres dilatoire d'Ennahdha et sa volonté de le saborder, et il n'y a pas encore de signe d'une imminente reprise, malgré les déclarations soporifiques des dirigeants du Quartet d'organisations nationales qui le parrainent: UGTT, Utica, Ordre des Avocats, LTDH.
Ajmi Lourimi explique, par ailleurs, dans sa déclaration à Mosaïque FM qu'Ennahdha ne compte organiser aucune marche aujourd'hui. Soit, mais les LPR, milices au service d'Ennahdha et du gouvernement provisoire, connues pour avoir violenté à plusieurs reprises les manifestants de l'opposition, vont s'en charger, comme en témoigne les appels sur leurs pages Facebook pour une marche allant de la mosquée Al Fath à Tunis à l'avenue Habib Bourguiba au centre-ville de Tunis.
L'avertissement des LPR, la détermination du Front populaire
Cette marche a été baptisée: «Dernier avertissement». Il n'est pas difficile d'imaginer que cet avertissement est adressé aux opposants qui n'ont qu'à bien se tenir et ne pas déranger le gouvernement de tous les échecs!
Les horaires choisis coïncident, d'ailleurs, avec ceux de la manifestation du Front populaire, qui aura lieu de 15h à 18h, de l'avenue Habib Bourguiba à la Kasbah, où se trouve le siège du gouvernement. Simple coïncidence sans doute !?
Les militants du Front populaire organisent leur marche pour demander au gouvernement Larayedh de partir et de céder le pouvoir à un gouvernement de salut national, comme cela est prévu par la feuille de route du Quartet, signée par son propre parti, Ennahdha.
Les pro-gouvernement et les opposants pourraient donc se retrouver au même moment, côte-à-côte, pour demander deux choses totalement opposées. Ça craint, surtout lorsque l'on sait que les LPR avaient déjà menacé et appelé à «liquider» Hamma Hammami, leader du Front populaire, et ses partisans.
Les forces de l'ordre sont prévenues : le vendredi après-midi risque d'être très chaud et des confrontations ne sont pas à exclure.