La Tunisie marche sur la tête: wahabbisme, jihadisme, terrorisme, société divisée, économie à genoux, politique sens dessus-dessous, etc. Il ne manquait qu'un président provisoire de la République comme Moncef Marzouki pour achever de détruire le pays...
Par Moncef Dhambri
Invité, lundi soir, à répondre par téléphone des Emirats, sur Nessma TV, à la grossière maladresse de la présidence provisoire de la République de faire figurer dans le tristement célèbre Livre noire l'Espérance sportive de Tunis (EST) parmi les «supplicateurs» («mounachidoun») de l'ancien régime, Slim Chiboub, ancien président du club de Bab Souika, a remis Moncef Marzouki et son équipe de conseillers et d'archivistes à leur place. «Laissez, s'il vous plait, l'Espérance tranquille, les a-t-il suppliés. Si vous avez des critiques à faire à quelqu'un, adressez-vous à moi... J'aurai l'occasion de m'expliquer là-dessus, en rentrant prochainement au pays ».
La Tunisie est déjà assez divisée
L'on aura toujours du mal à imaginer les limites de la gaucherie inventive de notre président provisoire. Nous le savions, nous l'avions dit et répété: Moncef Marzouki n'aurait jamais dû occuper la position de président de la République. Il nous a donné, pendant ces deux dernières années, les nombreuses preuves de cette erreur impardonnable de l'Histoire que 7.000 voix seulement aux élections de la Constituante aient pu lui ouvrir les portes du Palais de Carthage. Le hasard a mal, très mal, fait les choses et le peuple tunisien en subit les conséquences. Pour combien de temps encore?
Très mal préparé pour la fonction de président de la République, très mal conseillé et très mal assisté, il n'a donc fait que collectionner les frasques (qui ont, du reste, permis à un confrère d'écrire un livre!) et mériter un désaveu national unanime.
Le ''Livre noir'' de la présidence de la République, qui n'a pas fini de causer des malheurs, s'est invité, lundi soir, sur le plateau de Nessma TV. Deux grandes figures du football tunisien, Mokhtar Tlili et Slim Chiboub, ont donné la réplique à Moncef Marzouki. L'un et l'autre ont expliqué que le pays n'avait pas besoin de pareil pavé dans la mare et que la Tunisie était déjà assez divisée.
Mentionnant le nom des nombreuses victimes sportives du ''Livre noir'' (Mohamed Gammoudi, Temime Lahzami, Ali Kaâbi, Sadok Attouga, Skander Souayeh, Zied El-Jaziri, entre autres «héros» du sport tunisien), Mokhtar Tlili a déploré que l'on puisse «trainer ainsi dans la boue» ces athlèts qui ont porté très haut le drapeau national, tout simplement parce qu'ils ont accepté les félicitations de Ben Ali ou répondu à l'invitation de se rendre au Palais de Carthage. «Qui est-ce qui pouvait refuser pareille invitation?», s'est interrogé Mokhtar Tlili, l'homme qui, durant sa très longue carrière d'entraîneur, a dirigé la majorité des clubs de foot tunisiens...
Slim Chiboub, pour sa part, a expliqué que, sous le régime de Ben Ali, «il était routinier, pour tous les présidents de club de football sans exception, d'exprimer leur soutien au pouvoir. Et il n'y a, dans ce ''Livre noir'', rien d'exceptionnel, aucune révélation, ni aucun scoop. Cette pratique (d'exprimer son soutien à Ben Ali, NDLR) était chose ordinaire: il s'agissait d'un système bien rôdé qui fonctionnait ainsi et pas autrement. Personne ne pouvait y échapper. Personne ne pouvait y faire quoi que ce soit». Et d'ajouter une évidence à l'évidence: «S'il ne pouvait en être autrement pour moi, étant donné ma situation particulière (de gendre du président déchu, NDLR), les autres présidents de club, les hommes d'affaires, les responsables de sociétés nationales, etc., n'avaient guère plus de choix que moi».
Les lubies du président provisoire
S'adressant directement au locataire du Palais de Carthage et le défiant, l'ancien président du club de Bab Souika a lancé: «Si vous voulez avoir la tête de Slim Chiboub, dites-le franchement. Mais, de grâce, laissez l'Espérance tranquille. J'assume toutes les responsabilités qui étaient les miennes, en tant que président du club, et j'aurai l'occasion de m'expliquer là-dessus et sur bien d'autres choses encore, prochainement, à mon retour en Tunisie».
Oui, c'est là que nous en sommes, aujourd'hui: plus de deux années depuis le 23 octobre 2011, nous décortiquons les extravagantes lubies du président provisoire de la République, de son obsessionnelle envie d'être à la une des médias et de faire parler de sa personne coûte-que-coûte, et de son inégalable «don» de faire une erreur sur l'autre.
Oui, avec des prérogatives très limitées et une légitimité inexistante, nous aurions pu facilement deviner que cette oisiveté et le confort que le Palais de Carthage ne pouvaient engendrer que «des catastrophes», ainsi que l'a rappelé Mokhtar Tlili.
Oui, notre Révolution est tombée très bas: le bulletin de vote de la Constituante, Ennahdha et ses associés de la Troïka en ont voulu ainsi. Pêle-mêle, nous avons eu droit au pire des sorts: wahabbisme, jihadisme, terrorisme, société divisée, économie à genoux, politique sens dessus-dessous, etc.
Un président provisoire de la République comme Mohamed Moncef Marzouki ne pouvait manquer à l'appel. Tout le pays marche sur la tête.