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Le dialogue national a finalement choisi le ministre de l'Industrie du gouvernement sortant, Mehdi Jomaâ, pour constituer le prochain gouvernement de compétences nationales indépendantes. Il a été carrément imposé par Ennahdha.

Mehdi Jomaâ a obtenu 9 voix sur 11, suite à un vote effectué samedi soir, au cours de la réunion du dialogue national, alors que 7 partis, dont ceux du Front du salut national (FSN), rassemblant l'opposition, ont refusé de participer à l'opération de vote pour choisir entre les deux derniers candidats restés en lice pour la primature: Mehdi Jomaâ et l'ancien ministre des Finances Jalloul Ayed.

Le parti islamiste n'a pas pu faire avaliser la candidature de son «poulain» Ahmed Mestiri (88 ans), qui a recueilli, au cours d'un premier vote, en milieu de journée, 4 voix contre 11 pour Mohamed Ennaceur. Elle a alors opposé son véto à tous les autres candidats proposés par l'opposition (notamment Mohamed Ennacer, Mustapha Kamel Nabli, Chawki Tabib), et imposé son dernier joker, Mehdi Jomaâ, membre du gouvernement sortant réputé pour ne rien lui refuser. Elle a fini par avoir les autres protagonistes à l'usure : certains, sous la pression du temps et face à la lassitude grandissante des Tunisiens, ont préféré lâcher du lest.

Le mouvement Nida Tounes s'est retiré des réunions du dialogue national pour protester contre «le manque de sérieux dans les concertations engagées pour le choix du nouveau chef du gouvernement», a indiqué, à l'agence Tap, le dirigeant du mouvement, Ridha Belhaj.

Deux dirigeants de Nida Tounes, Taieb Baccouche et Noureddine Ben Ticha, s'étaient retirés des réunions l, suite à la renonciation à la candidature de Mohamed Ennaceur, en dépit du consensus de la majorité des partis autour de sa personne, parmi les 6 personnalités éligibles à la primature.

Lors d'une conférence de presse, samedi soir, Houcine Abassi, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) et porte-parole officiel du dialogue national, a souligné la nécessité de s'accorder sur la composition d'un gouvernement de compétences neutres et apolitiques, comme prévu dans la feuille de route, ajoutant que ce gouvernement est «appelé à se pencher sur les dossiers socio-économiques et sécuritaires, notamment, le dossier du terrorisme».

«Le prochain gouvernement est appelé à aussi instaurer un climat favorable à l'organisation d'élections démocratiques et transparentes qui devront mener le pays à la stabilité», a-t-il.

Mehdi Jomaâ, actuel ministre de l'Industrie dans le gouvernement de Ali Larayadh, est né le 21 avril 1962.

Diplômé de l'Ecole nationale d'ingénieurs de Tunis (Enit) en 1988 et titulaire d'un DEA en mécanique, calcul et modélisation des structures, Mehdi Jomaâ a fait sa carrière au sein d'Aerospace, une filiale du groupe français Total.

En 2009, il a été nommé au poste de directeur général de la division aéronautique et défense et membre du comité de direction, à la tête de six filiales implantées en France, aux Etats-Unis, en Inde et en Tunisie.

En 2013, il a été nommé au poste de ministre de l'Industrie dans le gouvernement de Ali Larayedh.

Il est marié et père de 5 enfants.

M. Jomaa a, selon la feuille du route, une semaine pour constituer son gouvernement et le faire adopter par l'Assemblée nationale constituante (ANC). Mais quand on voit le temps mis pour choisir le nom du Premier ministre (près de deux mois au lieu d'une semaine), on imagine les difficultés qu'il va avoir  pour composer son cabinet. 

I. B.