Des jeunes tunisiens bardés de diplômes proposent leur candidature pour des postes au sein du prochain gouvernement dirigé par Mehdi Jomaâ, et contribuer ainsi au rajeunissement d'un Etat vieillissant.

Par Yüsra N. M'hiri

Le mouvement s'est formé de manière spontanée sur Facebook: des jeunes diplômés des grandes écoles tunisiennes et étrangères, et dont les CV garantissent une certaine compétence professionnelle, se sont mis à la disposition du nouveau chef du gouvernement. Ils espèrent, en tant que citoyens et en tant qu'acteurs de la société civile, contribuer, de manière bénévole, à la construction de la nouvelle Tunisie.

Bassem Bouguerra. 

Une dizaine de candidatures ont déjà été déposées sur les réseaux sociaux, dont celle de Bassem Bouguerra, ingénieur en informatique, diplômé de l'Université d'Etat de Californie à Long Beach et président de l'association Reform, qui souhaite assumer, de façon bénévole, les charges de secrétaire d'Etat chargé de la Réforme sécuritaire. Ce domaine ne lui est pas étranger, puisqu'il a assuré lui-même, à travers son association, plusieurs formations dans ce domaine en collaboration avec le ministère de l'Intérieur.

Wiem Abichou, titulaire d'un diplôme national d'ingénieur en sciences appliquées et technologie, spécialité chimie industrielle à l'Insat, propose sa candidature pour le poste de chargé de la protection de l'environnement et de la sécurité industrielle auprès du ministre de l'Industrie.

Tarek Cheniti.

Un autre jeune doctorant, Tarek Cheniti, diplômé en sciences de l'administration, se propose de mettre en route tout un programme de réforme de l'administration publique et de révision de certaines lois y afférentes.

Yousser Soltani, 26 ans, titulaire d'une maîtrise en sciences juridiques, politiques et sociales, d'un master en droit anglo-américain, d'un diplôme d'anglais juridique et d'un certificat de participation à un concours international de médiation à la Chambre internationale de commerce à Paris, a présenté, elle aussi, une candidature spontanée pour faire partie du cabinet du futur cabinet Mehdi Jomaâ.

De nombreuses autres candidatures affluent sur les réseaux sociaux, toutes aussi appréciables les unes que les autres. On a même créé une page Facebook pour regrouper toutes les candidatures et les rendre ainsi plus accessibles au grand public.

Yousser Soltani.

Interrogé par Kapitalis sur ses motivations, Bassem Bouguerra a estimé que sa démarche est positive et constructive. «Il est à la fois étonnant et rassurant de voir ce mouvement naitre de manière spontanée, chez les jeunes, qui étaient jusque-là déçus par les négociations sur le choix du nouveau chef du gouvernement», a-t-il déclaré. «La révolution a été faite par les jeunes et il n'y a pas de raison pour les empêcher de contribuer à la construction de leur avenir. Même s'il ne s'agit que d'un mouvement sur Facebook, les propositions sont intéressantes et sérieuses... Facebook a contribué au renversement d'un régime dictatorial, pourquoi n'aidera-t-il pas à promouvoir le pouvoir de la jeunesse?», s'est-il interrogé.

Le paysage politique tunisien, hanté par des has-been, a en effet besoin d'un bain de jouvence pour régénérer et gagner en dynamisme et en imagination.

Mehdi Jomaâ, futur chef du gouvernement, entendra-t-il l'appel des jeunes et répondra-t-il favorablement à leur volonté de contribuer à la réforme de leur pays?

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