Avec la mise en place d'un nouveau gouvernement, à quoi pourrait encore servir Moncef Marzouki, le président provisoire, le droit-de-l'hommiste revêche et maladroit, qui a cru en un grand destin, mais gâcha sa vie et celle de ses concitoyens.
Par Marwan Chahla
Mansour Moalla a refait surface, en fin de semaine dernière, pour soumettre aux acteurs du dialogue national une série de propositions qui, selon lui, garantiront à la feuille de route les meilleures conditions de réussite.
Les recommandations de l'ancien ministre des Finances et du Plan sont quelque peu complexes mais elles ont le mérite de soulever certaines questions d'importance, y compris notamment celle de l'utilité de l'actuel locataire du Palais de Carthage.
De fait, à quoi pourrait servir le «Moncef Lagaffe» national dans cette nouvelle étape du processus de transition? D'ailleurs, peut-on s'interroger, est-ce que le «phénoménal» Moncef Marzouki a été du moindre service à la Révolution du 14 janvier et au processus de la transition démocratique? La réponse est «non», bien au contraire!
Une ample marge de manœuvre pour Mehdi Jomaâ
Vendredi dernier, Mansour Moalla a décidé de rompre le silence pour dire tout haut les appréhensions d'une bonne partie de l'opinion publique tunisienne. Dans une lettre ouverte publiée par le quotidien ''El Maghreb'' (sous le titre: «Des conditions de la réussite du gouvernement de compétences indépendantes») et avec une participation, dans la même journée, à ''Ness Nessma News'', l'ancien ministre a soumis des propositions qui assureraient à cette transition qui n'en finit pas de finir la meilleure dernière étape possible.
Ces recommandations garde-fou, au nombre de 5, devraient accompagner de bout en bout les voies et processus sur lesquels les acteurs du dialogue national se sont accordés, à savoir la formation d'un gouvernement de compétences indépendantes, la finalisation de la Constitution et l'organisation de nouvelles élections.
M. Moalla a surtout insisté sur l'absolue nécessité d'accorder au successeur d'Ali Larayedh des pouvoirs entiers et bien définis qui lui permettront de concentrer son travail sur les urgences économiques et sécuritaires du pays. Ces prérogatives fortes assureront à Mehdi Jomaâ, futur Premier ministre, une ample marge de manœuvre pour pouvoir entreprendre et une indépendance totale vis-à-vis de tous les partis et influences politiques.
Un président dépensier, inutile, gaffeur et qui constitue désormais un obstacle dans le processus de transition politique.
Le départ de Marzouki ne suscitera pas de regret
Mansour Moalla semble reprocher au dialogue national sa timidité en choisissant de s'arrêter à mi-parcours. Son raisonnement est simple: puisque le système qui a été mis œuvre dans notre pays, depuis plus de deux années, a perdu toutes ses légitimités et qu'il a échoué, il faut donc faire table rase et créer «un conseil de la République» qui sera là pour soutenir et accompagner le nouveau gouvernement. La création de cette autorité fédératrice, qui sera appelée à épauler l'équipe gouvernementale de M. Jomaâ et qui aura une présidence tournante, pose la question de l'utilité de la présidence provisoire de la République.
«Je n'ai rien contre la personne du président (Moncef Marzouki, NDLR), explique M. Moalla. Ce n'est pas une affaire de personne. C'est tout l'ancien système qui est à revoir. Voici ce qui va se passer: le chef du gouvernement provisoire (Ali Larayedh, NDLR) va démissionner; le président de la Constituante (Mustapha Ben Jaâfar), une fois que cette assemblée aura terminé le travail de la rédaction de la Constitution et son adoption, démissionnera également. Logiquement donc, à situation nouvelle, structure et fonctions nouvelles».
Mansour Moalla, qui préfère ne pas se prononcer (publiquement) sur le bilan de Moncef Marzouki à la tête de la présidence provisoire de la République, nous laisse comprendre, tout de même, que le président d'honneur du Congrès pour la République (CpR) devrait suivre l'exemple de ses deux partenaires de la Troïka (la coalition au pouvoir) et remettre les clefs du Palais de Carthage.
Le droit-de-l'hommiste se trouve ainsi mis hors jeu et hors d'état de nuire. Et son départ ne suscitera pas de regret. Le caractériel, le nihiliste et le suicidaire Moncef Marzouki, l'homme dont le destin aurait pu rester anonyme si la Révolution du 14 janvier n'avait pas croisé son chemin, pourra donc se consacrer, à plein temps, à compter ses innombrables erreurs, ses grossières maladresses et ses irréparables échecs.
Il noircira ainsi des pages et des pages; il rédigera des chapitres et des chapitres entiers. Des livres. Des tomes. Toute une encyclopédie sur sa carrière ratée d'homme politique que le hasard de l'Histoire a ramassé sur son passage, cet homme qui a cru en un grand destin, gâcha sa vie et celle de ses concitoyens.