selma mabrouk 1 1Pour la députée d’Al-Massar Selma Mabrouk, le grand défi pour l’année 2014, c’est la constitution «qui va être adoptée incessamment sous la pression du chronomètre de la feuille de route». Il faut donc, selon elle, garder les deux yeux ouverts. Et pour cause...

Le principe de la civilité de l'Etat, principal litige entre le parti islamiste conservateur Ennahdha et les partis démocrates et progressistes, est encore loin d'être garanti par le projet actuel de constitution, estime Selma Mabrouk. Les accords arrachés au sein de la Commission des consensus ne sont pas garantis et se réduisent à un simple engagement «moral» entre les groupes parlementaires, déplore Mme Mabrouk dans une note postée sur sa page Facebook.

La députée appelle, par conséquent, les Tunisiens à ne pas laissez leur «attention détournée par des faits ‘‘spectaculaires’’ tel que l'adoption de la caisse d'indemnisation», ou fonds Al-Karama pour payer des réparations financières aux anciens détenus politiques islamistes, et dont le projet de loi a été adopté, par un passage en force, dans la nuit de dimanche à lundi, malgré l’opposition du ministre des Finances Elyes Fakhfakh, tenu d’en trouver les ressources nécessaires (quelque 1,1 milliard de dinars) dans un contexte de grave crise économique.

Tout en rappelant que ce fonds «devra obéir de toute façon aux normes introduites par la loi de justice transitionnelle votée deux semaines plus tôt», Mme Mabrouk rappelle que les députés de l’opposition, notamment ceux d’Al-Massar (centre-gauche) ont déposé des amendements au projet de constitution «pour garantir un état civil et démocratique, pour une justice sociale et un équilibre régional.»

Ces amendements, et ceux des autres parties-prenantes, notamment des députés d’Ennahdha, devraient être examinés et votés le 3 janvier.

«Là est le vrai challenge, qui risque de faire basculer la Tunisie définitivement dans les bras de l'islamisme ultra-libéral», avertit Mme Mabrouk, en essayant de mobiliser les tenants de l’Etat civil et en prenant à témoin l’opinion publique tunisienne dans son ensemble.

I. B.