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S'il est réellement sérieux dans sa condamnation des déclarations du député Habib Ellouze, qualifiant son collègue Mongi Rahoui d'«ennemi de l'islam», le parti islamiste Ennahdha doit exclure cet extrémiste religieux de ses rangs.

Par Imed Bahri

Après les déclarations du député extrémiste de Sfax, Habib Ellouze, fervent défenseur de l'excision des filles et des salafistes jihadistes, qui a qualifié Mongi Rahoui d'«ennemi de l'islam», suscitant contre son collègue du Front populaire la colère des extrémistes religieux, dont certains ont appelé ouvertement à son assassinat, certains dirigeants d'Ennahdha, dont les députés Yamina Zoghlami, Zied Laadhari et Sahbi Âtig, président de son bloc parlementaire, ont critiqué les propos de M. Ellouze, qualifiés de «catastrophiques» par Yamina Zoghlami.

Le parti Ennahdha s'est fendu lui aussi d'un communiqué où il a essayé de prendre ses distances vis-à-vis du membre de son Conseil de la Choura. Ces réactions sont certes louables, mais sont-elles suffisantes?

On se souvient des déclarations du même Habib Ellouze hostiles au dirigeant de gauche Chokri Belaïd, les semaines ayant suivi l'assassinat de ce dernier, le 6 février 2013, par des extrémistes religieux.

Certains en ont conclu que les déclarations du cheikh Ellouze, si elles n'ont pas armé les tueurs, elles ont néanmoins offert une caution religieuse et politique à leur acte.

Aussi les nouvelles déclarations de Habib Ellouze qualifiant Mongi Rahoui d'«ennemi de l'islam» et le vouant ainsi feu des extrémistes religieux, sont-elles d'une extrême gravité, puisque quelques après qu'il les ait aites, le ministère de l'Intérieur a fait état de sérieuses menaces d'assassinat contre le député du Front populaire.

Pis encore : les autorités sécuritaires ont renforcé le dispositif de sécurité dont le député dispose depuis plusieurs mois et dimanche matin, elles ont décidé de mettre l'épouse de Mongi Rahoui et ses enfants à l'abri, loin de leur maison familiale. C'est dire le sérieux et la gravité des menaces interceptées par les services de renseignement.

Pour toutes ces raisons, Ennahdha ne doit pas se contenter de prendre ses distances vis-à-vis de l'un de ses fondateurs et dirigeants qui porte préjudice à l'image qu'il veut donner de lui-même, celle d'un parti modéré et démocratique et qui ne mêle pas la religion à la politique.

Le parti islamiste, s'il est réellement sérieux dans sa condamnation des déclarations de M. Ellouze, serait bien inspiré de réunir d'urgence son Conseil de la Choura et de prononcer l'exclusion de ce dangereux imprécateur.