On épiloguera longtemps sur les circonstances qui ont poussé le chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh à présenter sa démission. Ce dernier a, de son côté, cherché à transformer une vraie défaite en une fausse victoire.
En annonçant, jeudi après-midi, au sortir de son entrevue avec le président de la provisoire de la république, Moncef Marzouki, au Palais de Carthage, qu’il venait de présenter, à ce dernier, la démission de son gouvernement, M. Larayedh a fait la déclaration suivante: «Nous respectons notre engagement antérieur. Car il y a maintenant une visibilité (politique, NDLR) et nous sommes désormais confiants en l'avenir du pays». Il a, bien entendu, omis de dire que les mouvements de protestation, qui ont éclaté dans tout le pays contre les nouvelles taxes prévues par la loi des finances 2014, ont été pour beaucoup dans sa décision, sachant que, la veille, il s’accrochait encore à son poste et se confondait en justifications oiseuses, lors de sa rencontre avec le Quartet parrainant le «dialogue national», pour reporter encore l’annonce de la démission de son gouvernement. M. Larayedh, qui semble avoir compris qu’il ne pouvait rester plus longtemps au Palais du gouvernement de la Kasbah sans courir le risque de s’en faire dégager par des foules en colère, a cru pouvoir indiquer que sa démission est venue couronner l'avancement du processus transitoire, avec l'élection des membres de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et l'adoption prochaine de la nouvelle Constitution. Cette démission serait donc presque un «cadeau» que M. Larayedh et son parti Ennahdha ont décidé de faire au peuple tunisien. Si c’est un cadeau, il serait vraiment empoisonné, car M. Larayedh et les dirigeants d’Ennahdha ont fait perdre deux ans au pays et l’ont enfoncé dans une crise dont il aura beaucoup de mal à sortir. I. B. |