L’asile politique ne peut être accordé que par les autorités compétentes de l’Etat tunisien et aucune autre partie n’a le droit de s’en mêler, ni Ennahdha ni son président Rached Ghannouchi.
Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdha, a déclaré, le jeudi 16 janvier 2014, sur Shems FM, que les membres des Frères musulmans d’Egypte pourront bénéficier de l’asile politique en Tunisie s’ils en faisaient la demande. Il a cité, à ce propos, l’exemple des dirigeants d’Ennahdha qui ont bénéficié, auparavant, de l’asile politique dans près de 50 pays où ils ont pu vivre en sécurité jusqu’à leur retour, il y a 3 ans, au pays. Ces déclarations n’ont pas manqué de susciter une vague de critiques. Khemaïes Ksila, membre du bureau exécutif de Nida Tounes, a ainsi répliqué: «Rached Ghannouchi croit pouvoir prendre des décisions comme s’il était chez lui ou dans sa ferme et non pas dans un pays-Etat qui a ses lois et ses institutions». Le juriste Kaïs Saïed a déclaré, de son côté, que l’octroi du statut du réfugié politique revient aux autorités compétentes du pays et aucune partie n’a le droit de s’en mêler. Selon lui, la Tunisie n’a donné que rarement le statut politique aux refugiés islamistes. «En 1969, Bourguiba a délivré non seulement la carte de refugié politique mais aussi la nationalité à Youssef Nada, l’un des dirigeants des Frères musulmans égyptiens, ou à Tahar Zbiri, l’auteur du putsch raté du 14 décembre 1967 en Algérie, qui n’a d’ailleurs séjourné que peu de temps à Tunis avant d’aller en Suisse, ainsi qu’à l’ancien président mauritanien Mokhtar Oueld Dada, au lendemain du coup d’Etat de 1979», a déclaré M. Saïed. Selon l’éminent professeur en droit constitutionnel, les Frères musulmans d’Egypte ne peuvent obtenir l’asile en Tunisie que par une décision politique des autorités compétentes de l’Etat. Traduire : les dirigeants des partis politiques, y compris Ennahdha, ne sauraient prendre ce genre de décisions. Z. A. |