A quelques heures de la remise de la liste de son gouvernement au président provisoire de la république Moncef Marzouki, les pressions sur le Premier ministre désigné Mehdi Jomaâ deviennent intenables, et il pourrait même jeter l’éponge.
Les pressions viennent, essentiellement, du parti islamiste Ennahdha et du chef du gouvernement sortant, Ali Larayedh, ainsi que du locataire du Palais de Carthage. Les uns et les autres cherchent à lui imposer de garder certains ministres issus du cabinet sortant, ainsi que des conseillers et des directeurs de cabinets proches des partis de la Troïka, la coalition jusque-là au pouvoir, à savoir Ennahdha, le Congrès pour la république (CpR) et, à un degré moindre Ettakatol. Alors que la Troïka fait pression pour le maintien de quatre ministres du gouvernement Larayedh qualifiés d’«indépendants» (ce dont beaucoup d’observateurs doutent), les partis de l’opposition conditionnent leur soutien au nouveau gouvernement par la garantie de son indépendante totale. En d’autres termes : il ne doit pas comprendre des ministres issus du gouvernement sortant, pas même Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, qu’Ennahdha et les syndicats de police veulent garder à son poste. Le président Marzouki, pour sa part, cherche à imposer à Mehdi Jomaâ des noms pour les ministères de la Défense et des Affaires étrangères, alléguant du fait qu’il est le chef suprême des forces armées et le premier responsable de la diplomatie. En fait, M. Marzouki, qui n’a jamais eu de réels pouvoirs avec les deux précédents gouvernements islamistes de Hamadi Jebali et Ali Larayedh, cherche à marquer son territoire et à arracher quelques prérogatives au nouveau chef de gouvernement provisoire. Selon des proches de Mehdi Jomaâ, ce dernier a ras-le-bol des pressions, souvent contradictoires, qui s’exercent sur lui, et il pourrait présenter sa démission, de crainte de ne pas avoir la marge de manoeuvre nécessaire pour mener sa barque comme il l’entend. I. B. |