Contrairement à ce qui est exigé des membres du gouvernement de compétences nationales indépendantes, dirigé par Mehdi Jomaâ, et dont la composition a été annoncée dimanche en fin de soirée, le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des Télécoms, Tawfik Jelassi, n'est pas apolitique et à égale distance des partis politiques. Il s'agit, en effet, de l'ancien secrétaire général de la fédération France Nord d'Al-Jomhouri, issue du congrès du 9 avril 2012. Il a gardé cette responsabilité jusqu'à juillet dernier. 

Au-delà du fait qu'il soit politisé, et donc pas du tout neutre, M. Jelassi a aussi négocié avec l'Etat l'attribution de la licence 3G à l’opérateur Tunisiana, dont il est l’un des hauts responsables. Peut-on le nommer ministre 10 mois après? Certains parleront, à juste titre, de mélange de genres et auront de bonnes raisons de craindre une certaine partialité du nouveau ministre vis-à-vis des autres opérateurs (Tunisie Telecom plus particulièrement). Y aurait-il ici un fort conflit d'intérêt dont le service public pourrait être la première victime?

On avait dit la même chose lorsque le ministre des Technologies de l'information et de la communication sortant, Mongi Marzoug, un haut cadre d'Orange, avait été nommé dans les deux précédents gouvernements Jebali et Larayedh. Cela n'a pas empêché M. Marzoug de rester plus de deux ans à son poste...

Tout en remerciant notre lecteur M. B. R. d’avoir attiré notre attention sur ces faits, nous félicitons M. Jelassi de la confiance mise en lui par le nouveau chef du gouvernement provisoire et lui souhaitons beaucoup de réussite dans ses nouvelles fonctions – la Tunisie a besoin de technocrates compétents et intègres pour réussir sa difficile transition.

Nous espérons, cependant, qu’il fera le nécessaire pour dissiper toutes les suspicions et forcer l’admiration de ses détracteurs.

I. B.