Pour Taïeb Baccouche, Ennahdha devrait avoir la décence de ne pas exagérer, auprès de l’opinion publique, sa contribution au Dialogue national. Le parti islamiste y allé à reculons et à contrecoeur.
Le secrétaire général de Nida Tounes a rappelé que les Nahdhaouis, usant jusqu’à la corde «leur légitimité électorale» et jouant plusieurs prolongations, ont en de nombreuses occasions refusé de s’asseoir à la table des discussions pour sauver le processus de la transition démocratique. Hier, sur les ondes de Mosaïque FM, Taïeb Baccouche, excédé par la manière effrontée avec laquelle Ennahdha tente, ces derniers jours, de tirer profit de l’adoption de la nouvelle constitution tunisienne et de faire croire qu’il a quitté le gouvernement de son plein gré, a expliqué que, si le pays s’est aujourd’hui doté d’une nouvelle Loi fondamentale et s’il a, pour les huit ou neuf mois à venir, une feuille de route définissant clairement le parcours qui devrait normalement le mener aux prochaines élections libres, indépendantes et transparentes, c’est grâce «à d’énormes sacrifices consentis par le peuple tunisien, grâce au sang des martyrs (parmi les hommes politiques, les forces de l’ordre et l’armée), grâce aux efforts des forces démocratiques, de la société civile et le Dialogue national». Le numéro 2 de Nida Tounes a rappelé que la Troïka, et surtout le duo Ennahdha-Congrès pour la République (CpR), a tout fait, pendant plus d’une année, pour empêcher la tenue de ce Dialogue national. M. Baccouche préfère, tout de même, retenir «le bon côté de la chose»: pour lui, «ce qui compte aujourd’hui, c’est qu’après leurs échecs au gouvernement, ils (les islamistes, NDLR) aient entendu raison, accepté de suivre la bonne voie et cédé la direction des affaires du pays à une équipe de technocrates indépendants». Cette résignation des Nahdhaouis n’a pas été une tâche facile, reconnaît le secrétaire générale de Nida Tounes: la première tentative de la tenue d’un dialogue national remonte à octobre 2012, date de la fin de la «légitimité électorale» de la Troïka. Il a fallu trois autres essais pour tenir ce dialogue, d’interminables tractations, des retards très coûteux, des pressions de tous genres et le poids du Quartet pour que les dirigeants d’Ennahdha acceptent enfin de discuter «à contrecœur», selon M. Baccouche. C’est certainement sur ce terrain de la présentation de l’issue du Dialogue national que se jouera la course des présidentielles et législatives de 2014: c’est à la formation politique qui saura mettre en exergue son rôle dans cette partie de bras-de-fer qui a duré plus d’un an et minimisera celui de son adversaire que reviendront les bénéfices électoraux des prochains scrutins. Marwan Chahla |