salah belaid 2 5Salah Bélaïd, père du martyr Chokri Belaïd, n’est pas convaincu par le «cadeau» de Lotfi Ben jeddou, et critique la méthode trop expéditive du ministère de l’Intérieur, qui a tué le présumé assassin de son fils.

A l’issue du coup de force mené, lundi et mardi à Raoued, par les forces de sécurité, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, est venu, lui-même, mardi en début de soirée, s’en expliquer devant les medias. Sept dangereux terroristes ont trouvé la mort à la fin de cette opération, a-t-il annoncé, s’empressant d’ajouter que l’assassin présumé de Chokri Belaïd, Kamel Gadhgadhi, était parmi les personnes abattues par les forces de l’ordre.

«Ceci (cette mort de Gadhgadhi, NDLR) est un présent à la famille du martyr Chokri Belaïd et ses amis, à la veille de la commémoration du premier anniversaire de cet assassinat» (6 février, NDLR).

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Salah Belaïd, au centre, manifestent pour exiger la vérité sur l'assassinat de son fils.

M. Ben Jeddou ne semble pas avoir convaincu, par ce «cadeau», le père du martyr, Salah Belaïd. Ce dernier, au micro de Mosaïque FM, a critiqué la méthode trop expéditive du ministère de l’Intérieur.

Pour lui, Kamel Gadhgadhi a, certes, trouvé la mort, mais le mystère du meurtre de Chokri Belaïd reste entier. «Ils (les agents des forces de sécurité, NDLR) auraient pu facilement le (Kamel Gadhgadhi) capturer vif. Ils avaient tous les moyens de le faire. Pour avoir procédé de la manière dont ils l’ont fait, le résultat est que Kamel Gadhgadhi a emporté avec lui tout le secret sur l’assassinat de mon fils», s’est plaint Salah Belaïd. Le verdict de l’inconsolable père de Chokri Belaïd est sans appel: «Je suis désolé de dire que nous en sommes toujours au même point». «Pour dire la vérité, rien n’a changé (avec l’opération anti-terroriste de Raoued)», insiste-t-il.

Salah Belaïd explique encore plus son insatisfaction, son mécontentement: «Ce que nous souhaitons savoir, c’est toute la vérité sur le meurtre de Chokri. Qui est vraiment ce Kamel Gadhgadhi? Qui est-ce qui lui a fourni l’arme du crime? Quels sont les commanditaires de l’assassinat? Le crime a été organisé par un ensemble de personnes et Gadhgadhi n’est qu’un maillon, qu’un pion…».

Pour élucider une partie du mystère du meurtre de Chokri Belaïd, son père aurait souhaité que les forces anti-terroristes aient fait montre de plus de patience et recourir à «par exemple, la coupure de l’eau, de l’électricité, des vivres. Ainsi, Kamel Gadhgadhi aurait été contraint de se rendre», suggère-t-il. Entre M. Jeddou, satisfait de ce que «ses» troupes ont accompli, et les Belaïd, dont la peine est aussi profonde que le 6 février 2013, le fossé est toujours grand, très grand.

Marwan Chahla

Illustration: Salah Belaïd, à gauche.