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Face à une «Troïka» opportuniste, et qui a profité des moyens de l'Etat pour transformer sa défaite en une demi-victoire, l'opposition, en manque d'imagination, est acculée à vivre sa demi-victoire comme une défaite.

Par Marwan Chahla

La célébration de la promulgation de la Constitution, lors d'une séance extraordinaire de l'Assemblée nationale constituante (ANC), vendredi 7 février, en présence de très nombreuses personnalités étrangères, a suscité les réactions les plus diverses dans les rangs de l'opposition. N'ayant pas été capables de damer le pion à la Troïka, sur ce terrain de la célébration et s'étant trouvés obligés de jouer les seconds rôles, les dirigeants de l'opposition ont tenté de se faire entendre.... comme ils ont pu.

Faute de moyens, peut-être même aussi en raison de son essoufflement, de son manque d'imagination, ou à cause de la concomitance de cette célébration avec la commémoration du premier anniversaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, l'opposition a réagi à l'organisation de cet évènement de la manière la plus confuse.

Conscient du fait que Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée, Moncef Marzouki, président provisoire de la république, et Mehdi Jomaâ, président du gouvernement provisoire, ont peut-être pu ravir les premiers rôles, Béji Caïd Essebsi ne s'est pas privé de ramener les choses à leur juste proportion.

Le président de Nida Tounes, et leader de fait de l'opposition, considère que «cette journée représente indéniablement un tournant décisif dans l'histoire du pays». Et d'ajouter: «Aujourd'hui, la Tunisie possède une constitution qui bénéficie du soutien de toutes les parties. C'est cela la nouveauté la plus importante. La nouvelle Loi fondamentale n'a rien à voir avec le document qu'ils (Mustapha Ben Jaâfar et le rapporteur Habib Khedher d'Ennahdha, NDLR) nous ont proposé, en juin dernier. A présent, notre pays a une nouvelle constitution sur laquelle tout le monde s'accorde. Nous exprimons notre gratitude à tous ceux qui ont contribué à la rédaction de ce document».

Le mérite de cette réalisation revient donc au consensus qu'un ensemble de facteurs et d'acteurs ont créé pour inventer la meilleure synthèse constitutionnelle et... donner un coup d'arrêt à la tentative nahdhouie de confiscation de la révolution et au processus d'islamisation de la Tunisie.

Le jeune constituant d'Al-Joumhouri, Iyed Dahmani, toujours impulsif et parfois même fantaisiste, a préféré relever «le point noir» qu'a représenté «la présence malheureuse, en cette journée où la Tunisie célèbre la Démocratie, de certains invités étrangers qui n'ont que des rapports lointains, très lointains, avec la Démocratie».

Etait-ce, vraiment, l'occasion pour faire de la surenchère «démocratiste»?

L'opposition de gauche refusant, la veille, d'assister à la séance extraordinaire de l'ANC, s'est ravisée pour ne pas aggraver sa «marginalisation». Quoi qu'ils aient pu faire ou dire, Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, et Zied Lakdhar, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Watad), étaient là... en simples figurants. Ce n'est pas là, on l'imagine, un rôle qu'ils affectionnent particulièrement. Ils y ont été acculés...

En somme, l'opposition confirme son incapacité à accorder ses violons, à un moment aussi décisif et aussi symbolique que la promulgation de la Constitution. Et à avancer en rangs rangés, en tenant un discours cohérent et, surtout, concerté.

S'il est établi que le pouvoir use, ajoutons à cet adage ce complément: le non-pouvoir, lui aussi, use.