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Les acteurs politiques tunisiens ont-ils choisi Paris pour faire leur rentrée de 2014? En abritant 7 meetings de partis tunisiens en moins de 15 jours, la capitale française est en passe de devenir le théâtre d'une campagne électorale tunisienne avant l'heure.

Par Samir Bouzidi

A voir les politiques tunisiens se bousculer à Paris ces derniers jours, on pourrait penser que la dernière semaine des soldes y est peut-être pour quelque chose. Entre shopping et meetings politiques, leur agenda se trouve bousculé par ces sollicitations hivernales inhabituelles.

Petite lecture des actions et stratégies des partis, qui reposent pour les uns (Ennahdha et la Troïka) sur l'effet constitution et les autres (opposition) tournées vers les questions d'avenir.

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Nadia Chaabane préside un meeting d'Al-Massar à Paris.

En attendant la dernière ligne droite

Le Front de salut national (FSN) a été le premier à ouvrir le bal avec la venue, le 1er février, de Riadh Ben Fadhel et Fathi Chamkhi, dirigeants du Front Populaire. Au programme, l'examen de la situation politico-économique du pays et la présentation des propositions du Front Populaire pour sortir de la crise et relancer la machine économique. Tout s'est terminé dans une ambiance festive et musicale pour célébrer le «3e anniversaire de la révolution».

Pour son meeting parisien, joué à guichets fermés, du dimanche 9 février (au n° 13 Boulevard de la Libération, 93200 Saint-Denis), Ennahdha a déplacé 3 «grosses pointures», l'ex-Premier ministre Ali Laarayedh, la députée Ennahdha-France et vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante (ANC), Maherzia Labidi et l'ex-ministre de l'Agriculture Mohamed Ben Salem.

La stratégie du parti islamiste, qui vient de «quitter le gouvernement mais pas le pouvoir», selon les termes de son président Rached Ghannouchi, est clairement de capitaliser sur le succès politique de l'adoption de la constitution. Le thème du meeting est éloquent à cet égard: «La Tunisie sur la voie de la transition démocratique».

Autre enseignement : Ennahdha, qui n'a pas prévu d'associer ses alliés de la Troïka à ce premier grand meeting parisien, annonce déjà la couleur. Il paradera désormais seul en attendant la dernière ligne droite pour les prochaines élections, prévues fin 2014.

Le même jour, 9 octobre, Nadia Chaabane, députée France 1 d'Al-Massar, a présidé un meeting de son parti au n° 7 bis, rue de Trétaigne, Paris 18e. Au menu : bilan de la bataille pour la constitution et défis à relever à l'avenir.

La semaine prochaine, ce sera au tour de l'Alliance démocratique d'inviter les Tunisiens de France à son meeting de rentrée parisienne sous forme d'une conférence autour du thème: «La Tunisie à la croisée des chemins: dette et ressources naturelles».

Orateurs attendus: Moncef Cheikrouhou, vice président de la commission des finances à l'Assemblée, Chafik Zorguine, président de la commission de l'énergie à l'Assemblée, et Mohamed Balghouthi, expert consultant en stratégie et intelligence économique.

La conférence se tiendra, le mercredi 12 février à partir de 19H au 11 rue Ferdinand Gambon, Paris 20e.

Le vendredi 14 février, Ahmed Nejib Chebbi, président du haut comité politique d'Al-Joumhouri, fera, lui aussi, sa rentrée parisienne en présidant une conférence-débat «dédiée à des échanges ouverts et sincères» (sic !), donc sans thème imposé et prédéfini. Lieu de l'événement: FIAP, rue Cabanis, Paris 14e, à partir de 20 heures.

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Le Front populaire mobilise ses troupes en France.

Fructifier le bilan de la Constitution

Enfin, le dimanche 16 février, Ettakatol organisera un débat sur le thème: «Constitution tunisienne, réalisations et défis», en présence de la députée et membre du bureau politique d'Ettakatol.

Pour le parti de Mustapha Ben Jaâfar, la stratégie est la même que celle d'Ennahdha: assumer et fructifier le bilan de la Constitution.

La rencontre se déroulera au 7bis rue de Trétaigne, Paris 18e, à partir de 15h30.

A noter que Mme Jeribi sera aussi présente à une rencontre-débat sur le même thème à Marseille, le 15 février 2014, à partir de 15heures au 6, rue de Sénac de Meillan, 13001 Marseille.

Si l'on prend en considération la conférence de presse de Béji Caïd Essebsi, président de Nida Tounes, fin janvier à Paris, tous les grands partis tunisiens, à l'exception du Congrès pour la république (CpR), sont en train de marquer leur territoire dans la capitale française. Les élections en Tunisie se joueraient elles à Paris?

Source: ''00216Mag''. 

Illustration: Meeting d'Ennahdha à Paris.