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Jusqu'où ira Lotfi Ben Jeddou dans sa recherche de la vérité sur les meurtres de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et de la vingtaine des agents des forces de l'ordre et de l'armée?

Par Moncef Dhambri

Lotfi Ben Jeddou semble avoir décidé de mettre les bouchées doubles. A peine l'opération de Raoued «classée» et les 7 présumés terroristes liquidés, les forces de sécurité ont poursuivi leur offensive anti-terroriste en lançant une nouvelle attaque contre un groupe armé, dans la nuit de samedi à dimanche, dans le même gouvernorat de l'Ariana.

Le bilan de cette opération de Borj Louzir a été plus convaincant: l'arrestation de 6 présumés terroristes, notamment Ahmed Melki, alias Le Somalien, présumé assassin de Mohamed Brahmi que Mbarka Brahmi a eu le triste privilège de connaître, puisqu'il était son voisin.

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Mbarka Brahmi veut connaître les commanditaires de l'assassinat de son mari. 

Les armes répondent aux armes

La nouvelle de cette opération de Borj Louzir a quelque peu rasséréné les Brahmi: désormais, il y aurait espoir de connaître la vérité sur ce qui est arrivé vraiment dans la matinée du 25 juillet dernier. Alors qu'il était sur le pas de sa porte, au quartier El-Ghazela, Mohamed Brahmi a été lâchement abattu par balles. Depuis cette date, rien ni personne n'a été capable d'apaiser la douleur des Brahmi. Plus de 6 mois plus tard, rien ni personne, non plus, n'a élucidé le meurtre du coordinateur général du Mouvement du peuple.

Assistons-nous, réellement, à un changement de stratégie de M. Ben Jeddou qui allierait, désormais, fermeté, détermination et méthode «chirurgicale» dans le traitement du phénomène terroriste?

Bien évidemment, «les armes doivent répondre aux armes», pour citer le porte-parole du ministre, Mohamed Ali Aroui, mais il y a toujours lieu de garder une marge de manœuvre suffisante pour arrêter les terroristes présumés, les traduire en justice et obtenir les informations dont le pays a besoin...

En apprenant la nouvelle de l'opération de Borj Louzir et l'arrestation d'Ahmed Melki, Mbarka Brahmi, veuve du martyr Mohamed Brahmi, plus calme qu'à l'accoutumée, s'est empressée de dissiper les malentendus que ses positions tranchantes ont pu susciter, en exprimant sa gratitude aux forces de sécurité pour «leur courage et les louables efforts qu'elles déploient pour dévoiler la vérité sur le meurtre de feu mon époux», a-t-elle déclaré, avant-hier, au ''20 heures'' de la Watania 1.

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Ahmed Melki, alias le Somalien, à tiré sur Brahmi, mais qui a condamné et désigné à la mort le député du Front populaire?

Mbarka Brahmi se souvient: «Au lendemain de l'enterrement de feu mon mari, j'avais fait appel à ses services (d'Ahmed Melki) pour la réparation de certaines chaises de notre salle à manger». Adnène Brahmi, son fils, retient cette ironie du sort qui a voulu que l'assassin présumé ait profité de la générosité et de la charité du défunt. «A l'occasion de son mariage, mon père l'avait beaucoup aidé. Il lui avait donné de l'argent. Nous lui avons également fourni couverts et ustensiles pour qu'il puisse recevoir ses invités, à cette occasion... Nous lui avons même prêté un réfrigérateur».

Que la grandeur d'âme du martyr lui vaille d'être abattu froidement et à bout portant pose des questions sur la structure mentale de son assassin présumé et sur la folie furieuse du jihadisme, en général.

Les exécutants et les commanditaires

Si Mbarka Brahmi semble avoir quelque peu retrouvé une certaine sérénité, elle garde tout de même de la suite dans ses idées. «Ceci (les arrestations de Borj Louzir, NDLR) est un pas dans la bonne direction. A présent, il s'agit de connaitre les noms des commanditaires, c'est-à-dire ceux qui ont eu l'idée de cet assassinat, qui ont donné l'ordre d'exécution, qui ont fourni les armes et financé ce crime», insiste-t-elle, avec son habituel réalisme.

Jusqu'où, donc, ira Lotfi Ben Jeddou dans sa recherche de la vérité sur les meurtres de Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi et de la vingtaine de nos agents des forces de l'ordre et nos soldats? Donnera-t-il, un jour, la preuve qu'il est totalement indépendant de ceux qui l'ont désigné à la tête du ministère de l'Intérieur?

Une chose est sûre, en tout cas: le pays ne désarmera pas, il ne baissera jamais les bras. Il ne tournera la page que le jour où toute la vérité sera faite sur le complot terroriste.